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Meilleures ventes 2015 : la potion magique

Olivier Dion

Meilleures ventes 2015 : la potion magique

Grâce à Astérix, mais aussi à de nombreuses locomotives dans tous les secteurs, nos palmarès GFK/Livres Hebdo 2015 traduisent une très forte hausse du niveau des meilleures ventes de livres en chiffre d’affaires comme en nombre d’exemplaires par rapport à 2014.

J’achète l’article 9 €

Par Claude Combet,
Hervé Hugueny,
Marine Durand,
Anne-Laure Walter,
Créé le 22.01.2016 à 01h08 ,
Mis à jour le 22.01.2016 à 09h44

Avec son 1,6 million d’exemplaires vendus, Le papyrus de César, 36e album d’Astérix, prend la tête du Top 50 GFK/Livres Hebdo des meilleures ventes de livres en 2015. Il réalise un meilleur score que le précédent en 2013 (1,3 million). Cette bonne étoile a été favorable à l’ensemble des meilleures ventes. Le chiffre d’affaires global du Top 50 atteint 214 749 876 euros, en nette hausse par rapport à ceux de 2014 (174 millions d’euros, + 23 %) et de 2013 (182,6 millions). Les 50 titres les plus vendus l’an dernier représentent un total de 15,4 millions de volumes, contre 13,3 millions en 2014 (+ 15,8 %) et 14 millions en 2013. Avec 6 252 100 volumes vendus (dont 1 619 100 Astérix), le score cumulé des dix premiers est très largement au-dessus de celui des dix premiers de 2014 (4 792 600).

La vague érotique n’a pas faibli en 2015. Portée par le cinéma et l’adaptation du premier tome, Cinquante nuances de Grey, la tétralogie sado-maso de E. L. James a continué à faire les beaux jours des libraires avec un total de 1 978 300 ventes. Outre les 624 600 ventes de la nouveauté, Grey. Cinquante nuances de Grey par Christian, on retrouve les trois premiers volumes en poche sur la liste. La Britannique E. L. James a aussi trouvé une héritière avec l’Américaine Anna Todd, dont les cinq tomes d’After totalisent 1 079 500 exemplaires.

Dans un Top 50 majoritairement occupé par la fiction, les lecteurs se raccrochent avant tout aux auteurs qu’ils connaissent, aux valeurs sûres, aux prix littéraires, aux succès passés en poche. Paru dès janvier, Soumission de Michel Houellebecq, 4e sur la liste, a séduit 563 500 acheteurs. Imaginant une société française désormais islamiste, l’auteur des Particules élémentaires s’est aussi inscrit directement dans l’actualité. Les lecteurs restent fidèles à Guillaume Musso, dont L’instant présent s’est vendu à 502 500 exemplaires et figure en 6e position, à Marc Levy, dont Elle & lui atteint 382 500 ventes (12e), à Joël Dicker, l’auteur de La vérité sur l’affaire Harry Quebert, dont Lelivre des Baltimore (18e) réalise le joli score de 310 100 ventes.

L’intestin surprise

L’année 2015 a cependant réservé quelques surprises comme Le charme discret de l’intestin de la jeune Giulia Enders, qui crée l’événement en s’inscrivant au 7e rang avec 487 200 exemplaires vendus, un score exceptionnel pour un document ; ou le succès fulgurant de La fille du train, le thriller de Paula Hawkins (11e, 385 000 ventes). Le polar a toujours les faveurs des lecteurs : Temps glaciaires de Fred Vargas atteint les 439 300 ventes (9e) et Millénium 4, Ce qui ne me tue pas de David Lagercrantz qui succède à Stieg Larsson, 405 000 (10e). Au rayon politique, Philippe de Villiers se distingue avec Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (36e, 184 600).

En ces temps difficiles économiquement, le poche tire son épingle du jeu en s’arrogeant 19 places (une de plus qu’en 2014) sur les 50 du palmarès. Pocket reste leader avec 8 titres, juste devant Le Livre de poche (7) et J’ai lu (3). C’est en poche qu’on lit Guillaume Musso (Central Park, 613 500 ventes), Anna Gavalda (Des vies en mieux, 368 100), Marc Levy (Une autre idée du bonheur, 319 700) ou Harlan Coben (Six ans déjà, 313 700). Mais c’est en grand format qu’on achète les prix littéraires : D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan, prix Renaudot (364 600) ; Boussole de Mathias Enard, prix Goncourt (203 100) ; 2084, la fin du monde de Boualem Sansal, grand prix du Roman de l’Académie française (188 200).

Parmi les BD, aux côtés d’Astérix figurent le 14e Titeuf, Bienvenue en adolescence ! de Zep (273 900 ventes), les deux volumes de L’Arabe du futur de Riad Sattouf (343 300), et 20 secondes, le 20e Largo Winch (158 400). Enfin, 2015 a aussi vu l’émergence des auteurs venus d’Internet comme Marie Lopez avec #EnjoyMarie, qui dispense ses conseils aux adolescents (32e, 191 700) et Natoo, dont Icônne parodie les magazines féminins (42e, 167 300). En cuisine, Jean-François Mallet s’impose avec Simplissime (160 100, 47e).

eBooks : offre contrastée et prix contrôlés

Paradoxe : alors que ce serait techniquement plus facile que pour le livre imprimé, il est impossible d’établir un classement des ventes de livres numériques. Cette lacune vient du manque de coopération des acteurs concernés, et tout particulièrement d’Amazon, le premier d’entre eux, qui refuse de fournir la moindre information.

Concernant l’offre, les données fournies par electre.com permettent de mesurer au moins l’évolution du catalogue et des prix. En littérature adulte et jeunesse, la quasi-totalité des best-sellers papier est aussi accessible en version numérique (95 titres sur 100 en romans adultes, 23 sur 25 en jeunesse). En 2013, on n’atteignait pas encore 90 %. En essais et documents, 80 titres sur 100 sont disponibles en version digitale. Cette relative faiblesse peut s’expliquer par une présence moindre des grands groupes dans le palmarès des essais. Les multiples éditions de l’encyclique du pape et les numéros de la revue XXI (six citations dans le classement), non numérisés, font aussi baisser le ratio. En BD, le taux est encore inférieur (66 % de disponibilité), notamment en raison de la numérisation partielle des mangas. En albums jeunesse, beaux livres et pratique, les versions numériques restent rarissimes, ce qui fait chuter la moyenne de numérisation des 400 références de notre classement GFK/Livres Hebdo des meilleures ventes en deçà de 60 %.

Les prix sont toujours contrôlés de près. En romans, le prix moyen d’un ebook est de 14 euros, contre près de 20 euros pour la version imprimée, soit 29 % de rabais. C’est attractif, mais pas irrésistible pour les lecteurs attachés au papier. En essais et documents, le prix moyen s’inscrit à 12,32 euros et la réduction atteint 30 %. En romans jeunesse, il est de 11,42 euros (- 25 %).

Les livres numériques restent plus chers que des poches. Dans le top 50 poches, le prix moyen est de 7,50 euros, contre 9,33 euros pour les versions numériques (+ 24,5 %). Les éditeurs grand format baissent les prix numériques lors du passage en poche, mais ne les alignent que très rarement.

Cette politique tarifaire explique la croissance mesurée du marché numérique en France, l’objectif des éditeurs de littérature générale restant de préserver un réseau diversifié de librairies, et de ne pas se retrouver face à un oligopole de revendeurs numériques qui imposeraient leurs conditions. H. H.

Avec la collaboration de François Thévenet (electre.com).

Méthodologie

Le classement des meilleures ventes de l’année est réalisé par GFK pour Livres Hebdo. Les chiffres indiqués sont des estimations obtenues à partir des ventes réelles de livres physiques (comptabilisées aux caisses des magasins), enregistrées du 29 décembre 2014 au 27 décembre 2015, en France métropolitaine, auprès d’un panel représentatif de près de 4 500 points de vente. Ce classement inclut à hauteur de leurs parts de marché tous les circuits de distribution de vente au détail : librairies de 1er et 2e niveaux, maisons de la presse, grandes surfaces culturelles, grandes surfaces alimentaires, Internet, grandes surfaces de jeux et jouets, de bricolage, de décoration. Il exclut les ventes réalisées à l’export et dans les Dom, les ventes aux grossistes, les clubs et la VPC.

Romans : 2015, année érotique

 

Emmené par le très "hot" Grey, le palmarès des romans fait ressortir l’engouement pour le polar et les "feel good books". Le marché avantage cependant les auteurs primés ou reconnus.

 

Photo OLIVIER DION

Avec ses 624 600 exemplaires, Grey : Cinquante nuances de Grey par Christian, le quatrième tome de la saga érotique de E. L. James, tire le marché du roman. Au total, les 100 titres du palmarès fiction GFK/Livres Hebdo 2015 cumulent un chiffre d’affaires de 218 millions d’euros, bien au-dessus des 176,5 millions de 2014 (+ 23,5 %), et également au-dessus de celui de 2013 (201,6 millions). Leurs ventes en exemplaires progressent de 19,2 % et atteignent 10 925 400, contre 9 161 900 volumes en 2014, et 10 372 540 volumes en 2013.

Soumission de Michel Houellebecq (563 500 ventes) s’installe en 2e position du palmarès, suivi des habitués des meilleures ventes que sont Guillaume Musso (L’instant présent, 502 500 ventes), Fred Vargas (Temps glaciaires, 439 300 ventes) et Marc Levy (Elle & lui, 382 500 ventes). David Lagercrantz a gagné son pari - succéder à Stieg Larsson - puisque Millénium 4 : Ce qui ne me tue pas, s’est vendu à 405 000 exemplaires, soulignant l’attachement des amateurs de polars au duo Lisbeth Salander-Mikael Blomkvist. La surprise vient de La fille du train, un thriller de Paula Hawkins qui a réussi un coup de maître avec son premier roman, vendu à 385 000 exemplaires (voir article suivant).

Les lecteurs ont fait un triomphe au Livre des Baltimore (310 100 ventes), le deuxième roman de Joël Dicker. Ils ont plébiscité Le secret de la manufacture de chaussettes inusables (77 000 ventes), second titre d’Annie Barrows, et le retour de Philippe Delerm avec Les eaux troubles du mojito (82 700 ventes). En règle générale, le public se raccroche aux valeurs sûres, achetant les livres d’auteurs confirmés comme Check-point de Jean-Christophe Rufin (196 000 ventes), Lontano de Jean-Christophe Grangé (142 400), Maman a tort de Michel Bussi (131 000), Héloïse, ouille ! de Jean Teulé (129 500). Harlan Coben (Tu me manques, 116 800), Amélie Nothomb (Le crime du comte Neville, 111 600), Viriginie Despentes (Vernon Subutex 1 et 2, 173 900) et Gilles Legardinier (Quelqu’un pour qui trembler et Ça peut pas rater, 156 800), ont aussi des lecteurs fidèles.

Le palmarès des prix

En tête des prix littéraires, on retrouve D’après une histoire vraie, le Renaudot de Delphine de Vigan (364 600 ventes, 8e sur la liste), suivi du Goncourt de Mathias Enard, Boussole (203 100, 12e), des grands prix du Roman de l’Académie française de Boualem Sansal, 2084 : la fin du monde (188 200) et de Hédi Kaddour, Les prépondérants (42 400). Se sont aussi bien vendus le Décembre de Christine Angot, Un amour impossible (120 900), l’Interallié de Laurent Binet, La septième fonction du langage (93 900), le Femina de Christophe Boltanski, La cache (52 000) et le Médicis de Nathalie Azoulai, Titus n’aimait pas Bérénice (41 600). Publiés en 2014, Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud, Goncourt du premier roman 2015, atteint 69 900 ventes en 2015, et Jacob, Jacob de Valérie Zenatti, prix du Livre Inter 2015, 42 400. Le prix Nobel de littérature décerné à Svetlana Alexievitch en 2015 a fait vendre 39 400 exemplaires de La fin de l’homme rouge, paru en 2013, aux côtés des 75 500 de Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier de Patrick Modiano, prix Nobel 2014. Le prix Renaudot 2014 (et Goncourt des Lycéens) et le prix Goncourt 2014 ont aussi continué sur leur lancée : 107 200 exemplaires se sont écoulés en 2015 de Charlotte de David Foenkinos, et 62 800 de Pas pleurer de Lydie Salvayre.

Erotisme et surprises

Sous le signe de l’érotisme, la liste accueille avec Grey les cinq volumes d’After, une fan-fiction sur le chanteur de One Direction, par l’Américaine Anna Todd, totalisant 1 079 500 ventes ; Crossfire 4 : Fascine-moi de Sylvia Day (55 200) ; Beautiful secret et Beautiful beloved (76 100 ventes cumulées) de Christina Lauren.

2015 a aussi apporté son lot de jolies surprises comme La bibliothèque des cœurs cabossés de Katarina Bivald (84 200 ventes), Toute la lumière que nous ne pouvons voir, premier roman d’Anthony Doerr (72 500 ventes), Les gens dans l’enveloppe d’Isabelle Monnin et Alex Beaupain (43 600 ventes). Elle a aussi vu le retour de la fiction de Franck Pavloff sur le fascisme, Matin brun, dont 52 500 exemplaires se sont revendus l’an dernier.

Romans : ceux qui lisent ont pris le train

Paula Hawkins- Photo ARILD VAGEN/CC BY-SA 4.0

Best-seller surprise de l’été paru en mai chez Sonatine, La fille du train, le thriller psychologique de la Britannique Paula Hawkins, a continué de se vendre jusque pendant les Fêtes si bien qu’il a été réimprimé trois fois en décembre, et qu’il prend la 6e position du palmarès des romans avec 385 000 ventes.

Tout commence comme dans un film d’Hitchcock. Rachel, qui prend chaque jour le train de 8 h 04 pour aller travailler à Londres, observe depuis la fenêtre de son wagon un couple dans une maison le long de la voie ferrée. Elle les baptise Jess et Jason, imagine leur vie. Un jour, elle lit dans la presse locale que Jess, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu, tandis qu’elle-même est rentrée cette nuit-là ensanglantée chez elle, sans aucun souvenir de sa nuit.

Tout le monde peut fantasmer sur la vie des autres vue à travers la fenêtre d’un train. Mais Paula Hawkins ajoute une profondeur à ses personnages, suscitant tour à tour chez le lecteur compassion et dégoût pour Rachel, alcoolique. Elle joue de leurs secrets (qui est vraiment Megan ?) et de leurs ambiguïtés (Rachel est-elle innocente ou coupable ?), réussissant un polar addictif.

Tout est allé très vite pour La fille du train dont les ventes atteignent désormais 8 millions d’exemplaires dans le monde. Les droits ont été achetés par Steven Spielberg, et le film, avec Emily Blunt dans le rôle de Rachel, est annoncé pour le deuxième semestre 2016. Quant à Paula Hawkins, elle écrit son second roman, que Sonatine publiera au printemps 2017. C. C.

Essais : la France et moi

 

Le palmarès des essais fait le grand écart entre le bien-être et la santé de l’individu, et les questions suscitées par les attentats et l’état de la France.

 

Photo OLIVIER DION

Le charme discret de l’intestin de l’Allemande Giulia Enders a créé la surprise et s’est vendu à 487 200 exemplaires en 2015, prenant la tête des ventes d’essais (voir article suivant). Il est suivi en 2e position de notre palmarès GFK/Livres Hebdo par Prenez votre santé en main ! (274 000 ventes) de Frédéric Saldmann, auteur du Meilleur médicament, c’est vous !, meilleure vente en 2013 et toujours présent dans le palmarès avec 32 000 ventes. Dans le registre de la santé, on retrouve aussi Changez d’alimentation d’Henri Joyeux (61 500), On est foutu, on pense trop ! de Serge Marquis (60 400), et autres conseils de vie signés Christophe André (Je médite jour après jour), Eline Snel (Calme et attentif comme une grenouille) ou Véronique Jannot (Au fil de l’autre : voir la vie autrement). Quand ce n’est pas La magie du rangement de la Japonaise Marie Kondo, best-seller international qui s’est vendu en France à 77 100 exemplaires.

Les politiques et Charlie

Au rayon des livres politiques, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu de Philippe de Villiers rencontre un succès inattendu avec 184 600 ventes, et une 3e place dans le classement. Le suicide français d’Eric Zemmour, deuxième meilleure vente en 2014, a continué à se vendre (112 100 exemplaires) tandis que Faire de François Fillon atteint les 75 700 ventes, et On va dans le mur… d’Agnès Verdier-Molinié les 59 800. Mais l’an dernier a avant tout été marqué par les attentats de janvier et de novembre. Les lecteurs ont acheté le collectif Je suis Charlie. Liberté, j’écris tes mots (43 800 ventes), Et si on aimait la France de Bernard Maris, assassiné le 7 janvier. Suscités par ces drames, Qui est Charlie ? d’Emmanuel Todd, Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes, un texte posthume de Charb, Terreur dans l’Hexagone de Gilles Kepel, Eloge du blasphème de Caroline Fourest, Nous sommes la France de Natacha Polony se bousculent au palmarès. Ils côtoient Dans la peau d’une djihadiste d’Anna Erelle et Le piège Daech de Pierre-Jean Luizard. Dans le contexte de la guerre en Syrie, Paul Veyne réussit un beau score avec Palmyre (82 200 ).

Des auteurs venus de la Toile

Parodie des magazines féminins, Icônne (167 300 ventes, 4e sur la liste), de la youtubeuse Natoo incarne la nouvelle tendance de l’édition, qui va désormais chercher ses auteurs sur la Toile. C’est aussi le cas de Bruce Benamran, qui explique la physique quantique aux internautes et signe Prenez le temps d’e-penser (49 600 ventes). Mais les lecteurs restent aussi fidèles à Eric-Emmanuel Schmitt (La nuit de feu), Michel Onfray (Cosmos), Frédéric Lenoir (La puissance de la joie) et Jean d’Ormesson (Dieu, les affaires et nous) qui se retrouvent haut placés (5e, 6e, 7e et 11e) au palmarès.

Avec 119 200 ventes, L’homme qui ment, que le chanteur et comédien Marc Lavoine consacre à son père, réalise un très beau score. Gérard Depardieu suit ses traces avec Innocent (46 200 ventes). La biographie que la journaliste Raphaëlle Bacqué consacre à l’ex-directeur de Sciences po, mort brutalement en 2012 (Richie, 85 700 ventes), et celle de Daphné Du Maurier par la romancière Tatiana de Rosnay (Manderley for ever, 82 700 ventes) ont eu les faveurs du public.

Ce dernier s’intéresse toujours à l’Histoire si l’on en croit les ventes d’Hippocrate aux enfers. Les médecins des camps de la mort de Michel Cymes (110 900 exemplaires), celles d’Et tu n’es pas revenu, l’émouvante lettre de Marceline Loridan-Ivens à son père disparu à Auschwitz (63 900) et des Mémoires de Beate et Serge Klarsfeld (47 400). En économie, Le capital au XXIe siècle de Thomas Piketty, paru en 2013, est devenu un long-seller, avec encore 67 400 exemplaires en 2015. Enfin, le pape François et son encyclique sur l’écologie, tombée au moment de la COP 21, ont été entendus. Loué sois-tu, cumule 162 200 exemplaires, dont 66 100 pour le volume coédité par Bayard, le Cerf et Mame.

Au total, force est de constater que l’année 2015 a été favorable aux essais et documents : il s’est vendu 5,6 millions de volumes des 100 titres de notre liste (+ 24,4 % par rapport à 2014) pour un CA de 102,3 millions d’euros, (+ 27,4 %).

Essais : le tube de l’année

Giulia Enders - Photo VAN FORIS

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Le charme discret de l’intestin de l’Allemande Giulia Enders a été la lecture de l’été 2015, au point que TF1 a consacré un reportage aux vacanciers en train de le lire sur la plage. Il a continué de se vendre pendant les fêtes, si bien qu’il se retrouve en tête de la liste des essais avec 487 200 exemplaires vendus.

La publication de ce livre scientifique plein d’humour, écrit par une jeune doctorante de 24 ans, est une success story. Victime d’une maladie de peau à l’âge de 17 ans, Giulia Enders a guéri en modifiant son alimentation. Elle en a fait son sujet d’étude et… un livre pour répondre aux questions de ses copains. Elle explique que l’intestin, avec ses huit mètres de long et ses 200 millions de neurones, est surnommé "le deuxième cerveau parce qu’il est tout aussi étendu et présente la même complexité chimique". Elle passe en revue toutes les étapes de la digestion, de l’ingestion à la défécation, "cahier scatologique" et dessins faussement naïfs de sa sœur graphiste Jill à l’appui, et dévoile le rôle des hormones, enzymes et autres bactéries. L’auteure nous incite ainsi à changer d’alimentation, à éviter certains médicaments et à appliquer quelques règles pour bien digérer. Le charme discret de l’intestin touche un sujet universel. Il a dépassé le million et demi de ventes en Allemagne et a été vendu dans 36 pays. Mais Giulia Enders reste modeste. Après avoir réussi l’internat en médecine en novembre, elle est partie pour un stage de six mois au Japon. C. C.

Bande dessinée : une année avec

Deux mille quinze : année avec Astérix. Une locomotive dont le poids est tel qu’elle donne à l’année sa couleur : rose. Les ventes cumulées du classement BD GFK/Livres Hebdo, hors export, progressent en 2015 à 5,4 millions d’exemplaires (+ 39 %) pour un chiffre d’affaires de 63,2 M€ (+ 43 %). Mais même sans Le papyrus de César, elles progresseraient de 15,1 % en nombre d’exemplaires et de 6,6 % en valeur.

Titeuf, en 2e position, fait apparaître la bonne tenue des blockbusters habituels : Largo Winch, Le Chat, Les Légendaires, One piece, Naruto, Fairy tail, Walking dead et Corto Maltese, qui renaît sans Hugo Pratt. Sur la 3e et la 4e marche du podium, L’Arabe du futur (1 et 2) symbolise la montée en puissance de séries récentes, telles que Les vieux fourneaux dont les trois tomes figurent au palmarès ou Les Minions 1 (13e) et Undertaker 1 (28e). Le palmarès porte aussi les stigmates des attentats avec La BD est Charlie (9e), Catharsis (35e) et Peut-on encore rire de tout ? (46e).

17 éditeurs s’inscrivent au palmarès dominé par les groupes Média-Participations avec 19 titres (Dargaud 9, Dupuis 6, Kana 3, Blake et Mortimer 1) et Glénat avec 8 (Glénat 7, Vents d’ouest 1). Hachette place 6 titres (Pika 4, Albert-René 2), Delcourt 5 (Delcourt 4, Soleil 1) tout comme Madrigall (Casterman 2, Futuropolis 2, Fluide glacial 1). Bamboo est présent avec 3 titres, Allary 2, Les Deux Royaumes et Le Cherche Midi, 1 chacun. A.-L. W.

Jeunesse : enjoy YouTube

#EnjoyMarie de Marie Lopez s’impose en fiction jeunesse, avec 191 700 ventes, comme le phénomène de l’année. L’auteure vient de YouTube, où elle dispense ses conseils de mode et de beauté. Son livre répond aux questions des adolescents : harcèlement scolaire, famille recomposée, réseaux sociaux… Egalement venu du Net, Un amour de jeunesse, dans lequel Margot Malmaison raconte sa liaison avec le chanteur Maxence, connu sous le nom de MA2X, figure aussi au palmarès (63 900 ventes).

Comme en 2014, le palmarès fait un triomphe aux titres adaptés au cinéma. Avec La face cachée de Margo (149 900 ventes), dont l’adaptation est sortie en août, mais aussi Nos étoiles contraires (102 600 ventes), sur les écrans en 2014, Le théorème des Katherine (61 500), Qui es-tu Alaska ? (43 200), Will & Will (33 200), John Green reste l’auteur vedette des adolescents (390 400 volumes vendus dans l’année au total). Parallèlement, Le labyrinthe 2. La terre brûlée, sorti sur les écrans français en octobre, a fait vendre la tétralogie L’épreuve de James Dashner (376 900 ventes), tandis que le film Divergente 2, sorti en mars, a bénéficié aux quatre titres de Veronica Roth (246 200 ventes).

Parmi les albums illustrés, Peppa Pig (six titres) devance Lareine des neiges, qui reste toutefois en tête du palmarès (cinq titres). Adaptées en dessin animé, ses aventures à la fois drôles et éducatives sont diffusées sur France 4. T’choupi et Le Loup (4 titres chacun) résistent bien. C. C.

Poches : on prend les mêmes…

Les classements des 50 meilleures ventes de poches se suivent et se ressemblent. Alors que la trilogie Fifty shades, publiée au Livre de poche, prenait les 1er, 4e et 5e rangs du classement 2014, les volumes 1, 2 et 3 s’alignent sagement cette année aux 2e, 3e et 4e places. Avec 1 605 300 exemplaires, le cumul 2015 réussit même l’exploit de dépasser celui de 2014 (1 392 000).

Une fois encore, Pocket domine notre classement GFK/Livres Hebdo des meilleures ventes au format poche, plaçant Guillaume Musso sur la première marche du podium - il était 3e l’an passé - et au total 21 ouvrages parmi les 50 titres classés. Michel Bussi et ses cinq ouvrages dans la liste, pour un total de 738 600 ventes, n’y sont évidemment pas pour rien. Suivent Le Livre de poche (15 titres), Folio, qui passe de 4 à 6 références notamment grâce à son fonds (Camus, Hemingway, Voltaire), et J’ai lu (3 titres) dont les deux volumes de La femme parfaite… font de la résistance mais quittent le top 10. Tandis que Points ne parvient à placer qu’Arnaldur Indridason dans le classement (41e) contre deux titres en 2014, Babel, la marque poche d’Actes Sud, disparaît cette année du classement.

Notre palmarès confirme par ailleurs la tendance à l’embellie sur le marché du poche, puisque, avec 9 457 900 exemplaires, le total des 50 meilleures ventes de poches 2015 progresse de 4,2 % par rapport à celui de 2014. M. D.

Poches jeunesse : retour aux classiques

L’effet cinéma joue à plein sur les ventes de poches pour la jeunesse. L’adaptation du Petit Prince a propulsé le livre d’Antoine de Saint-Exupéry ("Folio junior") en tête de notre palmarès GFK/Livres Hebdo 2015, dans lequel on retrouve aussi La reine des neiges (6 titres), la trilogie Hunger games ou Les Minions.

Des classiques

Plus généralement, le classement manifeste un retour important aux classiques avec Le Petit Prince, Vendredi ou La vie sauvage de Michel Tournier, Le roi Arthur de Michael Morpurgo, Matilda de Roald Dahl, La rivière à l’envers de Jean-Claude Mourlevat ou L’œil du loup de Daniel Pennac.

Toujours présents sur la liste, les 7 volumes d’Harry Potter de J. K. Rowling font figure d’incontournables. Ils ont même conquis une nouvelle génération qui n’était pas née en 1998 lors de la sortie du premier titre de la série. En revanche, Violetta, phénomène de l’année 2014, marque un recul avec 2 titres seulement.

Avec 15 titres, Gallimard Jeunesse devance de peu Hachette Jeunesse (14). Avec Pocket Jeunesse(10), ils constituent le trio leader du poche jeunesse. Bayard (5 titres) se maintient grâce à La cabane magique. Comme l’an dernier, les ventes des 50 premiers titres sont en progression, à 2 090 400 volumes vendus pour un chiffre d’affaires de 13,9 millions d’euros, contre 2 076 300 volumes et 12,3 millions d’euros en 2014. C. C.

Beaux livres : Charlie for ever

L’attentat qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo a suscité un engouement pour le magazine satirique, au point que trois ouvrages réunissant des unes de Charlie Hebdo occupent les trois premières marches du podium des meilleures ventes de livres illustrés, tous édités par Les Echappés. Cette maison d’édition adossée au journal place aussi au palmarès 20 ans deCharlie Hebdo (13e) et Mes années 70 de Georges Wolinski, mort lors de l’attaque (38e), tandis que trois livres de Cabu, lui aussi assassiné le 7 janvier, apparaissent au classement 2015 après réédition ou remise en avant : Toujours aussi cons ! (9e), Le nouveau beauf (14e) et Tout Cabu (22e).

Valeurs sûres

On retrouve parmi les valeurs sûres du rayon les ouvrages liés à un film, une émission de télévision ou de radio, qui représentent un titre du classement sur cinq, avec en tête Thalassa : 40 ans, la mer et les hommes (4e). La gastronomie et les catalogues d’exposition continuent de tirer le secteur. Parmi les surprises de l’année, Boucherie Ovalie, sur le monde des amateurs de rugby, se classe au 20e rang, tandis que le livre sur le festival de musique metal Hellfest réalise une belle performance en prenant la 26e place. Au total, les ventes cumulées du palmarès beaux livres GFK/Livres Hebdo progressent en 2015 à 677 900 exemplaires (+ 27,3 %) avec un chiffre d’affaires en hausse de 33,1%. A.-L. W.

Pratique : la cuisine sans stress

Après avoir cuisiné avec des chefs, des animateurs de télévision, des marques, du bio, les lecteurs passent à la cuisine sans se prendre la tête. Les ventes cumulées du top pratique atteignent 2,4 millions d’exemplaires (+ 4,3 % par rapport à 2014), pour un CA de 31,6 M€ (+ 9,3 %). Le palmarès GFK/Livres Hebdo des meilleures ventes de livres pratiques en 2015 est dominé par Simplissime, un ouvrage qui propose de réaliser des recettes relativement élaborées en seulement cinq ou six gestes.

Ordre et méditation

Les lecteurs ont fait l’an dernier la part belle aux livres qui les aident à mieux ordonner leur vie, comme le montrent les succès de l’Organiseur familial en deuxième position. Toujours en quête de calme et de sérénité, beaucoup ont choisi de méditer puisque 8 titres de développement personnel s’inscrivent au palmarès, dont, en 3e position, Les quatre accords toltèques dont le succès ne se dément pas depuis dix ans. Parmi tous les ouvrages de méditation présents dans le classement (aux 4e, 9e, 13e, 16e, 36e, 43e et 47e rangs), seul celui de Christophe André, Je médite, jour après jour a été édité en 2015, tous les autres sont plus anciens, soulignant l’importance des titres de fond dans ce secteur. Enfin la détente par le coloriage reste en vogue avec sept carnets antistress répartis aux 12e, 20e, 22e, 24e, 25e, 27e et 28e places. A.-L. W.

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