5 mars > Roman Mexique

Selon le dictionnaire, l’opéra-bouffe serait "un court opéra traitant d’un sujet comique et léger". C’est là le genre (et non "roman", voire "biographie") auquel ressortit selon son auteur, Jorge Volpi, Les bandits. Pourtant, si la bouffonnerie n’est jamais tout à fait absente de cette histoire, c’est d’une farce tragique dont il est question. Une histoire, ou plutôt trois. La première, c’est celle de la crise financière des "subprimes", de la chute de Lehman Brothers et de celle, subséquente, de l’Occident. La deuxième, ce serait celle d’Harry Dexter White, l’un des hommes clés du New Deal, fondateur du FMI, qui fut à la fin de sa vie accusé d’avoir été un espion à la solde de Moscou. Enfin, la dernière, celle du vieux malentendu familial et de la quête du père chez un fils.

Soit donc un roman qui se donne à lire comme les Mémoires de J. Volpi, juif new-yorkais (homonyme donc, de son "créateur", né, lui, à Mexico…), recherché par Interpol depuis 2008 où, avant de prendre la fuite, il dut révéler avoir, via sa société d’investissements, volé 10 milliards de dollars à ses clients, "grâce" à un système de Ponzi comme celui utilisé par Bernard Madoff. Ce Volpi qui joue à cache-cache avec la vérité autant qu’avec la police s’intéresse moins à son sort qu’à celui de son père, Noah, mort quelques semaines avant sa naissance, et sur lequel pesaient alors des soupçons d’espionnage au profit des Russes.

Ce qui se fredonne tout au long de cet opéra-bouffe, c’est le grand air de la tromperie et l’infinie séduction du mensonge. Volpi y déploie un art romanesque plus allègre que jamais. Les bandits est aussi fascinant qu’un thriller de John Grisham réécrit par un lecteur fervent de Borges et de Juan Rulfo… On entre dans ce cauchemar avec la ferme intention d’en sortir le plus tard possible. O. M.

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