5 octobre > Roman Etats-Unis > Alfred Hayes

"Ma chance est cyclique, ma malchance l’est aussi", écrit Alfred Hayes avec la lucidité qui le caractérise. Lui-même a connu le succès, avant d’être ramené dans l’ombre. Alors qu’il voit le jour en Grande-Bretagne, en 1911, il évolue dans le cinéma américain et italien. Il se fait remarquer comme scénariste de Rossellini, mais c’est surtout comme écrivain qu’il excelle. Un écrivain que Gallimard remet en avant, depuis peu. Une jolie fille comme ça reste l’une des plus belles surprises de 2015. Bonne nouvelle, il ressort chez Folio.

C’en est fini de moi (The end of me, paru en 1968) se situe dans une veine plus acide. Le roman débute par une fuite, un vertige face à une chute inévitable. Tout semblait stable, voire parfait, dans l’existence d’Asher. Ce scénariste hollywoodien a gravi tous les échelons de la gloire, mais à l’approche de la soixantaine, il tombe de son piédestal. "Je n’étais rien de ce que j’avais cru être. J’étais condamné à une version fictive de moi-même. Je n’étais que de l’argent."

Le réveil semble si brutal qu’il repart précipitamment à New York, la ville de ses débuts. Un peu perdu, il y rencontre Michael. Ce parent méconnu le sollicite pour l’aider à percer comme poète, mais ses réelles intentions sont nettement moins artistiques. Avec sa copine, Aurora d’Amore, il entraîne Asher dans un univers diabolique. Ce duo pervers, à la Javier Marías, le renvoie à ses naufrages intimes, ceux de l’âge, de la paternité manquée ou d’amours ratées. A l’instar d’un miroir glaçant, le roman d’Alfred Hayes livre un regard impitoyable sur les revers et les coups de poker de la vie. K. E.

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