8 janvier > Roman France

Révélée avec un premier roman, La boue (Maren Sell, 1989), Françoise Bouillot s’est faite rare depuis, absorbée sans doute par ses travaux de traduction. La voici qui revient avec un court roman réjouissant, Mes oncles d’Amérique, une comédie de mœurs drôle, tendre et grinçante, dans un quartier new-yorkais des années 1980, Alphabet City, paradis interlope des babas cool, des bobos bohèmes et des travelos.

C’est là que vivaient la narratrice, dont on ne saura pas le prénom, et son amie Grichka, une maîtresse femme plutôt rock’n’roll et non conventionnelle : plus tard, elles auront chacune deux enfants de deux pères différents et évanescents. Mais leur vraie famille, en fait, c’était celle qu’elles s’étaient constituée, dont Peter et Mark, qu’elles appelaient leurs "oncles". Et c’est justement le dernier des deux, Mark, qui vient de mourir et dont les cendres ont été dispersées dans les ruines du Smallpox Hospital, sur l’île de Manhattan. Maintenant installées à Paris, c’est là que Grichka apprend la nouvelle à la narratrice, laquelle va se lancer, tout en flash-back, dans le récit de leur histoire commune dans la Grosse Pomme.

Petit à petit, les filles vont découvrir le passé des deux vieux messieurs. Un couple d’Anglais gays qui ont dû fuir leur pays pour d’obscures raisons (Peter, marié, aurait-il tué un homme dans un accident de voiture ?) et se sont installés clandestinement aux Etats-Unis. Mais un jour, Peter meurt. D’aucuns disent que c’est Mark qui l’a assassiné, mais tout ça n’est pas très clair. Pas plus que le personnage du mystérieux Douglas, qui était amoureux de Mark et en voulait donc à Peter de le lui avoir pris.

De ce passé, les héroïnes de Françoise Bouillot se sont tirées avec élégance, légèreté, et non sans nostalgie. Elles mènent désormais leur vie parisienne, familiale et moderne. Leur aventure ferait une bonne comédie à la française. J.-C. P.

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