Livres Hebdo - Quels ont été vos principaux axes de travail sur ce projet ?
Michel Delplace - Les objectifs étaient la mise en sécurité du bâtiment et des collections, l’accroissement de l’espace public, des magasins de stockage et du nombre de places assises, dans un bâtiment ayant pour spécificité de posséder des façades et une toiture classées. Il y avait aussi un objectif formulé de manière indirecte qui était de donner une nouvelle identité à la Bibliothèque nationale et universitaire.
Comment avez-vous travaillé cette nouvelle identité ?
De l’extérieur, la bibliothèque forme avec le théâtre et le palais du Rhin un ensemble monumental très symétrique auquel les façades confèrent un écrin. Nous avons pris le parti de préserver cet équilibre, de ne pas toucher aux façades et de gagner de l’espace en comblant les quatre patios intérieurs. Pour le réaménagement intérieur, je crois que l’élément fort de notre programme a été d’enlever tous les murs porteurs de la coupole pour les remplacer par une structure métallique. Cela a permis de libérer complètement l’espace, de créer des ambiances différentes avec des lieux très hauts, très ouverts, d’autres plus intimes et plus fermés, et de faire entrer la lumière dans un bâtiment qui était assez opaque.
L’escalier central constitue l’élément emblématique de votre projet. Quel est son rôle ?
L’escalier, suspendu à la coupole, établit un dialogue entre un élément contemporain et un élément historique qui est, avec les façades, un autre élément fort de l’identité du bâtiment. Or, avant la rénovation, la coupole n’était visible que du 4e étage et encore, à travers un faux plafond vitré un peu triste. Désormais, les visiteurs pourront la voir dès le 1er étage, où se situe l’accueil de la bibliothèque. Les 120 tiges en acier inoxydable de l’escalier servent aussi de réflecteurs à la lumière et intégreront le système d’éclairage artificiel.
Ce dialogue entre éléments historiques et éléments contemporains se retrouve également dans l’ensemble de votre projet. Pouvez-vous nous en dire plus ?
On le retrouve dans trois séquences principales : l’escalier d’entrée encadré de deux parois sérigraphiées, qui assure une transition entre l’extérieur historique et l’intérieur contemporain, l’escalier central accroché au dôme qu’on a déjà évoqué, et la salle de lecture principale qu’on a restaurée telle qu’elle existait avant. En résumé, je dirai que notre programme a visé à aller chercher la lumière, à dégager les espaces et à mettre en communication les différents niveaux.