6 septembre > Premier récit France > Jean-René Van der Plaetsen

C’est un livre inclassable, à la fois oraison funèbre, tombeau, biographie, hommage personnel, récit d’apprentissage, superbe et parfaitement maîtrisé, qui marque l’entrée en littérature de Jean-René Van der Plaetsen. A 55 ans passés, ce n’est pas si fréquent.

Van der Plaetsen a la chance d’avoir été le petit-fils d’un homme d’exception, Jean Crépin, à la fois soldat patriote, administrateur dévoué et serviteur de l’Etat, l’un des pères fondateurs de l’aviation moderne et de notre dissuasion nucléaire. D’autant que, jusqu’en 1996, date de la mort de l’aïeul, à 88 ans, il a pu profiter de ses confidences, de son exemple, d’une éducation exigeante et exaltante, de celles qui forgent un caractère. D’ailleurs, le jeune Jean-René a lui aussi, un temps, voulu devenir militaire. Il a choisi d’autres voies pour défendre ses idées, même s’il a été chasseur alpin et, à ce titre, envoyé au Liban en tant que Casque bleu.

Pour le capitaine Crépin, officier de la Coloniale, polytechnicien picard, joueur de polo et artilleur dans l’âme, l’aventure commence le 28 août 1940, à Manoka, au Cameroun, lorsque, après un bref moment de réflexion, il choisit de Gaulle et la France Libre. A 31 ans, c’était un véritable saut dans l’inconnu, poussé par quelque chose d’irrationnel : le sens de l’honneur. C’est cette valeur, rare, qui va guider Crépin, lequel restera toute sa vie fidèle à cet engagement. "Clochard épique de Leclerc", son autre grand homme - la formule est d’André Malraux, que Crépin a très bien connu -, il sera de tous les combats jusqu’à la victoire, et au-delà. Compagnon de la Libération, devenu général, il servira encore en Indochine, en Algérie, en Allemagne. Il aurait dû finir maréchal, mais certains politiques n’ont pas apprécié son patriotisme intransigeant, ni son franc-parler au moment de la guerre d’Algérie.

Van der Plaetsen retrace minutieusement ce parcours hors du commun en y mêlant souvenirs et anecdotes vécus, et ce n’est pas le moindre charme de son livre. Discrètement, avec modestie, il intervient au détour d’une page pour évoquer d’autres figures de sa peu banale famille, comme son arrière-grand-père, surnommé le Pope, sinologue et archéologue fanatique, qui fut ami avec Teilhard de Chardin.

Un écrivain est né, à l’évidence, avec ce livre, et il dispose de la matière pour de nombreux autres. J.-C. P.

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