Nouvelle maison

Aux antipodes d’une littérature rivée au réel, les éditions de l’Ogre prônent un retour à la fiction pure et proposent des livres qui mettent à mal notre sens de la réalité, flirtant avec la folie et le fantastique. Aux manettes de cette machine détonnante, Aurélien Blanchard, 34 ans, et Benoit Laureau, 30 ans. Le premier a étudié la philosophie, le second était juriste en droit fiscal avant de partir barouder un an en Patagonie. Leurs chemins finissent par se croiser aux éditions Amsterdam. "Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous savions que nous allions retravailler ensemble", confie Aurélien Blanchard qui a officié comme éditeur dans la maison de sciences humaines jusqu’en 2010, son complice collaborant jusqu’en juin 2013 à La Quinzaine littéraire.

Lorsque, en mars 2013, Benoit Laureau propose à Aurélien Blanchard de créer leur propre structure, ils prennent le temps de réfléchir au projet avant de collecter 100 000 euros auprès de leurs proches. "Nous voulions démarrer avec un capital suffisant pour s’assurer une viabilité dans la durée", précise Benoit Laureau qui travaille encore comme libraire à mi-temps. Son partenaire poursuit quant à lui son activité de traducteur, cette double casquette garantissant leur indépendance en attendant de pouvoir être salariés de L’Ogre. "Cela nous permet d’être à l’abri de l’urgence et de coups commerciaux qui seraient en inadéquation avec notre ligne éditoriale", estime Benoit Laureau.

Une ligne qui prend les tendances actuelles à rebrousse-poil. "Nous voulons éviter l’"effet miroir" recherché par un certain nombre de livres. L’idée n’est pas que le lecteur se retrouve dans ce qu’il lit mais, au contraire, qu’il en soit perturbé et n’en ressorte pas indemne", analyse Aurélien Blanchard. Lire, c’est s’aventurer au-dessus d’un abîme aussi intrigant et effrayant qu’un géant de conte populaire. Un parti pris dont témoignent les deux premiers ouvrages de L’Ogre, à paraître le 6 janvier. Aventures dans l’irréalité immédiate de l’écrivain roumain Max Blecher (1909-1938) affirme l’identité profonde de la maison, tandis que Quelques rides, premier roman de Fabien Clouette, fixe le cap, l’objectif du duo étant d’éditer de la fiction contemporaine et majoritairement française. Diffusé et distribué par Harmonia Mundi, L’Ogre compte publier 8 livres par an. Souen Léger

12.12 2014

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