La Foire du livre de Francfort est un long apprentissage. J’ai passé des années, depuis ma première foire en 1986, à ne rien y comprendre, parlant mal l’anglais, me perdant dans le dédale des halls et des stands, confondant les interlocuteurs et les livres. Je me suis ensuite pris pour un grand découvreur de perles rares, alors que j’étais le pigeon idéal que l’on faisait mine d’initier secrètement à des titres… refusés partout ailleurs. Agacé par la propagation des rumeurs sur les prétendus "hot books of the Fair", j’ai fait un jour un test en inventant de toutes pièces un écrivain américain rare, auteur d’un livre génial : la boucle s’est bouclée en moins d’une journée, un confrère italien me vantant le soir les mérites du livre fantôme imaginé le matin même, au terme d’une chaîne de prescriptions dont je n’ai jamais pu reconstituer les maillons. Depuis ce canular boomerang, je ne me fie plus qu’aux conseils d’un cercle d’amis étrangers en qui j’ai plus confiance qu’en moi-même.

Francfort est incroyablement stimulant et revigorant : on y vit le "vertige des possibles", on se passionne pour mille livres, jusqu’à ce que le retour au plancher des vaches de notre marché français ne tempère les enthousiasmes de cette arche de Noé culturelle. Après la griserie internationale, gare à la gueule de bois ! I. C.

06.10 2017

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