Tecla Osorio est-elle montée dans le car qui mène à Buitragos avec son cabas de paille orange, onze ans plus tôt ? Le fait est que la jeune femme a disparu. Est-elle partie de son plein gré ? A-t-elle été enlevée ? Nul ne le sait. A l’époque, on a dragué le lac, exploré la forêt pleine d’ordures, recueilli des centaines de témoignages, accroché son visage sur tous les poteaux de la ville. En vain.
L’héroïne du nouveau roman de Mercedes Deambrosis à paraître aux éditions des Busclats habitait chez ses parents. Elle fréquentait un garçon sérieusement, n’était ni belle ni laide. Le 14 avril 2009, la voici qui réapparaît. Aparicio Ramirez l’a connue enfant et trouve qu’elle a changé quand il croit la voir sous l’abris de bus désaffecté à la sortie de la ville.
Ramirez a beau ne pas aimer les "flics", il appelle aussitôt le commissariat. Où se trouve le lieutenant Isidoro Robles, jeune policier de 28 ans, fervent catholique, qui a sous ses ordres Vasquez et Tejero. Récupérée par les membres de la garde civile, Tecla se révèle saine et sauve, sans blessure apparente. L’agitation commence. Il faut prévenir sa famille dont on dit qu’elle a été compromise par le passé avec les "rouges".
Ses parents, José et Amancia, si vieux et si tristes. Sa sœur Cecilia et son frère Rodolfo. Il faut aussi avertir la presse locale, téléphoner à La Voix de Castille. En ville, tout le monde ne parle plus que de ça. On s’interroge à tout-va sur ce retour, sur ces onze années d’absence. Le policier Vasquez se demande même si la jeune femme n’a pas été "complice de sa disparition"…
Tissant serrée sa maille, Mercedes Deambrosis se montre ici à son meilleur. L’étrange apparition de Tecla Osorio lui permet de plonger au fond des êtres, au fond des secrets. De soulever le tapis et de regarder ce qui s’y cache.
L’auteure de La promenade des délices (Buchet-Chastel, 2004, repris en Points) et Juste pour le plaisir (Buchet-Chastel, 2009, repris en Points) mérite une nouvelle fois les applaudissements.
Al. F.
