3 janvier > Jeunesse France > Claire Renaud

En vrai, la famille s’appelle Fradet, mais tout le monde la surnomme la famille Dégâts. En effet, chez les Fradet, il n’y a que des gars. Dans l’ordre décroissant, cela donne : Papi, Papa, Yves, le grand frère, et Louis, le narrateur, 9 ans. Nulle meuf à l’horizon. Elles se sont toutes fait la malle, celle de Papy, au ciel, et celle de Papa, on ne sait où. Partie sans laisser d’adresse. Au moment des faits, Louis n’a cessé d’attendre à côté du téléphone pendant des semaines, mais de guerre lasse, il a consenti à vivre. Pour pallier l’absence de principe féminin, chacun trouve une parade. Papi parle au fantôme de Mamie, Papa ne desserre pas les dents et a choisi de vivre comme un ours plutôt que comme un homme. Quant à Yves, bourrin d’un autre type, il tombe les filles et bombe les muscles, rêvant à une carrière militaire. Et Louis, dans tout ça ? Eh bien, il se débrouille comme il peut au milieu de cette tribu de mâles mal embouchés. La tendresse, il la glane chez son papi et chez ses potes de toujours, à coup de fieffées virées à vélo et de pêches miraculeuses. Il faut dire que le coin s’y prête, les Dégâts habitent Noirmoutier où ils sont sauniers de père en fils. La plume primesautière et alerte de Claire Renaud fonce sur la moindre occasion pour nous faire rire. La scène de la vente de sachets de sel aromatisé à des pigeons parisiens est un grand moment. Mais l’auteure sait aussi porter le fer dans la plaie : "Mon père est devenu comme le sel qu’il récolte : toute l’eau, toute la vie se sont évaporées de lui. Ne restent que des cristaux, blancs et secs, concentrés, puissants." Une réussite.                  Fabienne Jacob

 

Les dernières
actualités