6 novembre > Littérature France

Fondé en 1960, toujours en activité aujourd’hui grâce à Jacques Roubaud, Paul Fournel, Jacques Jouet ou Harry Mathews, l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), ainsi baptisé, apprend-on ici, par le critique Albert-Marie Schmidt, père de l’écrivain Joël - lequel n’est pas oulipien -, est l’un des mouvements littéraires les plus singuliers de notre temps. Créé sur les ruines du surréalisme et en réaction au culte voué à l’inconscient et à l’inspiration par Breton et ses amis, l’Oulipo avait pour ambition de "refonder la littérature, à l’aide de contraintes d’écriture souvent inspirées des structures mathématiques ou ludiques". Ces messieurs ne sont pas que des littéraires : Queneau était un esprit encyclopédique et Calvino, agronome…

Depuis sa création, l’Ouvroir a multiplié les réunions, manifestations et publications, collectives ou individuelles. Il a même suscité un ouvrage majeur, La disparition, en 1969. Dont l’auteur, Georges Perec, réussissait le tour de force d’écrire un roman sans utiliser la lettre e, la voyelle la plus fréquente de notre langue. De tout temps, le jeu avec la langue a été une constante et parfois une source de renouvellement littéraire. Ce fut le cas des poètes de la Renaissance, de Rimbaud ou des surréalistes…

Cet opus, qui sert de catalogue à l’exposition "Oulipo, la littérature en jeu(x)" à la bibliothèque de l’Arsenal (du 18.11.2014 au 15.2.2015), est un vrai livre oulipien : en trois parties (ouvrir, lire, poétiser), éclaté, truffé de clins d’œil, enrichi de textes inédits, ainsi que d’un hommage de ses camarades au regretté François Caradec, oulipien jusqu’à la fin.

Jean-Claude Perrier

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