Protégées par leur éditeur, Alexandre Wickham, directeur éditorial chez Albin Michel, qui a retenu toute information jusqu’à la publication de leur livre le 4 janvier, Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin ont pu enquêter pendant une année sans que rien ne filtre de leur remarquable travail sur la ville de Trappes. Son nom, qui sonne comme un piège, est d’ailleurs absent du titre, du bandeau ou de la quatrième de couverture : anonyme et intrigant, La communauté fait de cette cité des Yvelines une sorte d’archétype de l’histoire des banlieues françaises. Dans les années 1960 et 1970, rien n’est facile au milieu du chantier permanent de son agrandissement accéléré, mais cette communauté s’organise plutôt dans le sens positif du terme, sous l’égide de la mairie communiste. Plusieurs de ses enfants sont devenus des célébrités : les humoristes Jamel Debbouze ou Sophia Aram, l’acteur Omar Sy, le footballeur Nicolas Anelka, le rappeur La Fouine. Mais tous en sont partis, comme les classes moyennes françaises ou les habitants de confession juive, découragés par la violence et le communautarisme qui se sont installés. A la charnière des années 1990, le retour à l’islam a pu sauver une partie des jeunes de la drogue, avant de dériver vers le djihad pour 67 d’entre eux vingt ans plus tard, un record. Albin Michel a tiré le livre à 60 000 exemplaires. H. H.

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