La rentrée politique, en général inaugurée par les Universités d’été et autres Fête de la rose, va peut-être donner lieu à de nouveaux et multiples revirements relatifs à la lutte contre le téléchargement illégal. Il n’est qu’à essayer de suivre la position du Parti socialiste, passé d’une opposition farouche aux mécanismes de licence globale à un projet de modification de l’Hadopi, avant de prôner récemment l’abrogation pure et simple de celle-ci. Plus concrètement — et sans préjuger de l’avenir comme de l’efficacité de cette Haute Autorité —, l'Assemblée nationale a adopté, début juillet, et après le Sénat, le projet de loi «  sur la répartition des contentieux et l'allègement de certaines procédures juridictionnelles  » . Dès lors qu’un dossier sera transmis au parquet par l’Hadopi, le nouveau régime juridique autorise en particulier les titulaires de droits à demander l’octroi de dommages et intérêts dans le cadre d'une ordonnance pénale. Dans le cas de délits «  légèrement  » sanctionnés, cette ordonnances pénale est prononcée sans débat contradictoire. En fait, il s’agit tout bonnement de l’aboutissement de la fameuse riposte graduée. L’ordonnance pénale est donc enclenchée à l’issue de l’envoi de deux avertissements et en cas de constatation d’une nouvelle infraction. Mais rappelons que le recours à l’ordonnance pénale pour obtenir notamment des dommages intérêts avait été éradiqué par le Conseil constitutionnel dans l’une des premières versions de l’Hadopi, en raison des imprécisions du texte. Arrêtons-nous là pour cette catégorie de pirates et plongeons-nous plutôt dans le savoureux entretien entre l’éditeur Benedikt Taschen et le légendaire libraire d’art de Cologne, Walter König. Le dialogue (livré en anglais) est publié dans le catalogue de… Taschen printemps/été 2011. Il s’agit de la deuxième partie d’une série intitulée The last of the Mohicans : The world’s most imperishable booksellers . König y peste avec ironie et amertume contre les visiteurs de ses trois miles de rayonnages, qui se servent de son achalandage comme… source d’informations. Il raconte, mi-figue mi-raisin, les déambulations de ces hordes armées de téléphones «  intelligents  » aptes à scanner les livres importés ; qu’ils commandent ensuite en ligne sur Amazon et consorts. Il en vient presque à regretter le temps où les mêmes recopiaient discrètement les ISBN au sein de ce qu’ils prennent manifestement pour une vaste bibliothèque publique. Le reste de cette longue et passionnante discussion entre le roi du livre d’art à tous les prix et le dinosaure des détaillants revient sur les événements artistiques majeurs initiés par König ; les lois sur le prix unique ; l’avenir des librairies et autres saillies, réflexions ou anecdotes rayonnantes, lues avec délectation sous un ciel d’été nuageux — dans tous les sens du terme.
15.10 2013

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