5 mars > Récit France

Enarque, haut fonctionnaire, François Garde a fait, en 2012, une entrée remarquable en littérature avec Ce qu’il advint du sauvage blanc (Gallimard), roman récompensé par huit prix, dont le Goncourt du Premier roman et le prix Jean-Giono. Dans le civil, François Garde a été un temps administrateur supérieur des Terres australes et antarctiques françaises. C’est sans doute grâce à cela que ce préfet très maritime est devenu un écrivain hauturier et qu’il s’est passionné pour les baleines. En tant que sous-préfet de la Martinique, il a d’ailleurs dû organiser le dynamitage du corps échoué d’un de ces mammifères. Il évoque par deux fois cet épisode dans La baleine dans tous ses états, la première pour le raconter, la seconde pour se moquer de lui-même. Ce qui nous plaît tant, chez lui, outre son érudition, c’est son humour distingué, et aussi son engagement résolu pour la sauvegarde de l’animal de plus en plus menacé.

La baleine, François Garde a voulu "la dire" dans un livre qui est à la fois une quête personnelle, une enquête, une illustration et défense du cétacé en péril. On y croise la navigatrice Isabelle Autissier, victime un jour d’un "accident de baleine", laquelle explique que pour le WWF, la bête est un emblème, comme le panda. On y lit la vraie fausse lettre désopilante qu’un éditeur américain aurait pu envoyer à Melville pour justifier son refus de publier Moby Dick, jugé ennuyeux… Et aussi plusieurs chapitres consacrés à Jonas, celui de la Bible, qui fascine et intrigue François Garde. On le suivra même à Reykjavik dans le seul restaurant servant de la baleine. Il n’en mangera pas, au risque d’avoir l’impression de commettre un acte cannibale. Et s’interroge : "Sommes-nous donc si semblables ?" La question mérite d’être posée. Le lecteur, lui, est harponné. J.-C. P.

Les dernières
actualités