S’il y a un point sur lequel s’accordent les chercheurs de tous horizons et les éditeurs, c’est sur la difficulté de définir le concept de littérature grand public, notion poreuse par excellence. Impossible en effet de savoir qui se cache derrière ce "grand public" qui occupe toutes les industries culturelles. Difficile aussi d’y glisser telle ou telle œuvre: un roman devient-il forcément grand public parce qu’il touche un très grand nombre de lecteurs? "La littérature grand public s’inscrit dans la continuité du "roman populaire" du XIXe siècle, expression inventée par le monde des lettrés pour designer, en opposition aux textes de création littéraire, des œuvres de divertissement adressées à un lectorat culturellement défavorisé", explique Bertrand Legendre. La grande époque du roman-feuilleton fut notamment portée par Eugène Sue ou Alexandre Dumas, devenus à leur postérité des auteurs littérairement estimés.

La littérature grand public s’est au fur et à mesure construite autour de cette notion de divertissement et de plaisir. D’où une porosité avec la littérature de genre - romance, comédie, polar, roman d’aventure, science-fiction - que certains, comme Bénédicte Lombardo, considèrent comme constituant la littérature populaire. Quand d’autres réfutent ces classifications.

Même si chaque éditeur définit selon la ligne de sa maison ce qu’il entend par littérature grand public, quelques caractéristiques communes se dessinent.

- Des romans accessibles aux non-initiés qui trouveront rapidement la porte d’entrée du texte.

- Des romans qui s’appuient plus sur le contenu, l’histoire, que sur le style de la phrase. Même si chaque éditeur cherche évidemment l’alliance des deux. "Ce n’est pas une littérature qui interroge la littérature mais qui met au centre l’émotion et le plaisir : ce qui n’empêchera pas un roman grand public d’être servi par une très belle écriture", juge Claire Do Sêrro.

- Des romans de proximité, qui saisissent ce que beaucoup désignent par "l’air du temps".

- Des romans où le lecteur sait ce qu’il vient chercher. "Les lecteurs achètent une romance pour qu’à la fin les deux amoureux se retrouvent, un polar pour pouvoir frissonner et chercher qui est l’assassin, un feel-good book pour se sentir mieux : tout l’art du romancier est de leur apporter ce qu’ils attendent mais d’une manière inhabituelle qui va les faire douter et cheminer", estime Eléonore Delair.

Des romans écrits par des auteurs qui s’adressent à un public et non pas tournés vers l’expérimentation littéraire.

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