Grande Bretagne

Raïf Badawi lauréat du premier Prix Voltaire de l'UIE

L'épouse de Raïf Badawi entre la présidente de PEN britannique, Maureen Freely et le président de l'UIE, Richard Charkin. - Photo Anne-Laure Walter

Raïf Badawi lauréat du premier Prix Voltaire de l'UIE

Le blogueur saoudien, condamné à dix ans de prison, a été choisi comme lauréat 2016 du prix de la liberté de publier rebaptisé Prix Voltaire de l'Union internationale des éditeurs, qui a accueilli parmi ses membres l'Arabie saoudite en octobre dernier.

Par Anne-Laure Walter, Londres
Créé le 11.04.2016 à 02h05 ,
Mis à jour le 11.04.2016 à 08h13

Raïf Badawi s’est vu décerner le 10 avril le prix Liberté de publier de l’Union internationale des éditeurs (UIE), remis à une personnalité ou à un organisme du monde du livre qui lutte pour la liberté d'expression, lors du congrès de l'UIE, à la veille de la Foire du livre de Londres. A l'occasion de cette édition, le prix a été rebaptisé Prix Voltaire.

C’est Ensaf Haidar, son épouse qui s'est réfugiée au Québec avec leurs trois enfants, qui est venue recevoir la récompense lors d'un dîner de gala dimanche soir, puisque Raïf Badawi a été arrêté en juin 2012 et est emprisonné depuis pour avoir créé un site internet Free Saudi Liberal, destiné à discuter du rôle de la religion dans son pays.
 
Mon mari est "un symbole pour tous ceux qui, dans le Moyen Orient et l'Afrique du Nord, souhaitent exprimer leurs opinions pacifiquement et exercer leurs droits à la liberté de pensée, de religion ou de conscience ", a-t-elle déclaré dans un émouvant discours en arabe. Elle a ensuite cité un article publié par Raïf Badawi avant son emprisonnement où il écrit que " la liberté d'expression est l'air que tout penseur respire et le combustible qui nourrit le feu de ses idées."

Ce bloggueur saoudien a en effet été condamné pour insultes faites à l’Islam et apostasie en 2013, écopant de 7 ans de prison et 600 coups de fouet. En 2014, sa condamnation par le régime saoudien a été aggravée et réévaluée à 1000 coups de fouet, 10 ans de prison, ainsi qu’une amende. Il a déjà reçu plusieurs prix dont en octobre dernier le prix Sakharov pour la liberté d'expression, considéré comme le prix Nobel de la paix de l'Union européenne, ou le prix Netizen de Reporters sans frontières et le prix de la Liberté d'expression de Deutsche Welle.

L'éditeur Kero a publié en mai dernier les textes du jeune Saoudien de 31 ans dans 1000 coups de fouet, parce que j'ai osé parler librement. L'ensemble des bénéfices de ce livre sert à assurer sa défense.

9150 euros
 
Le geste est aussi un symbole de la part de l’UIE qui vient d’accueillir comme nouveau membre en octobre dernier l’Association des éditeurs d’Arabie saoudite, un tournant stratégique qui, avec l'entrée de l'association des éditeurs chinois, n'a pas fait l'unanimité au sein des membres de l'organisme. Le prix est doté de 9150€.
 
Les autres nommés étaient l’éditeur bengali Ahmedur Rashid Chowdhury, aka “Tutul” qui a subi de violentes attaques d’islamistes extrémistes en octobre 2015, suite auxquelles il a failli mourir ; l’éditrice chinoise résidant à Taïwan, Bei Ling qui a toujours délivré une critique franche sur le manque de libertés fondamentales en Chine ; la Birmane Moe Way qui a fondé la maison The Eras ; et les "Hong Kong Five", Gui Minhai, Lee Bo, Cheung Chi Ping, Lam Wing Kee and Lui Bo, ces cinq professionnels de l’industrie du livre qui ont été portés disparus l’an dernier, avant de refaire surface des mois plus tard en détention dans l’un des plus gros commissariats de Chine populaire.
 

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