Revers dans les classiques

"Il faut proposer aux enseignants, qui privilégient désormais les éditions parascolaires pour l’étude en classe, une gamme maison adaptée à leurs besoins." Isabelle Dubois, Livre de poche - Photo Olivier Dion

Revers dans les classiques

La baisse enregistrée en 2016 devrait rester un accident de parcours selon les éditeurs, qui accentuent notamment leurs efforts de promotion et de communication auprès des enseignants.
La baisse enregistrée en 2016 devrait rester un accident de parcours selon les éditeurs, qui accentuent notamment leurs efforts de promotion et de communication auprès des enseignants.

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Par Cécile Charonnat,
Créé le 10.02.2017 à 00h33 ,
Mis à jour le 10.02.2017 à 12h01

Ce devait être le secteur le moins atteint par la réforme des programmes du collège et c’est finalement l’un de ceux où les cartes auront été le plus rebattues. En 2016, les classiques pédagogiques ont enregistré une baisse de 3,8 points selon GFK, et ont perdu 175 000 volumes sur la seule rentrée scolaire. Un coup de tonnerre dans un marché qui affichait depuis longtemps une croissance légère mais régulière et qui a été particulièrement touché par le recul brutal de ses meilleures ventes. "Nos cinq best-sellers, et particulièrement les textes contemporains, ont pris une grosse claque, témoigne Laurent Breton, directeur du pôle grand public chez Magnard. Et les prescriptions n’ont pas pu compenser ces pertes puisqu’elles se sont reportées sur d’autres titres moins attendus sur lesquels nous n’avons pas pu anticiper les tirages, trop courts. Nous avons donc raté des ventes", détaille l’éditeur, qui cite, comme ses confrères de Larousse ou d’Hachette Education, les ventes surprises de Pauca meae de Victor Hugo, ou de La Belle et la Bête de Jean Cocteau.

Pour expliquer cette contre-performance, les éditeurs pointent l’arrivée tardive des directives dans les écoles, qui s’est ajoutée aux changements liés aux nouveaux programmes : une organisation thématique et la disparition des listes de livres à lire obligatoirement. "Pris un peu au dépourvu, les enseignants se sont d’abord montrés attentistes avant de se replier vers des œuvres qu’ils maîtrisaient", analyse Laurent Breton, qui n’oublie pas toutefois de balayer devant sa porte. "Nous nous sommes aussi sans doute un peu trop reposés sur nos lauriers en ne remettant pas assez en lumière notre fonds", reconnaît l’éditeur. L’arrivage massif des différents manuels, qui a noyé les enseignants sous une masse d’informations et qui offre plus d’entrées pour étudier les thématiques, constitue, selon les éditeurs, un autre facteur du ralentissement des ventes.

Déroutée mais pas inquiète - les ventes de novembre et décembre se révèlent supérieures à la normale -, la plupart des maisons ont choisi de remettre l’accent sur la communication dès le printemps 2017. Travail auprès des libraires, remise en avant de l’ensemble des catalogues et propositions de textes selon les thématiques auprès des enseignants, il s’agit avant tout "de reprendre la parole", affirme Tiphaine Pelé, directrice éditoriale chez Flammarion. Dans une moindre mesure, les éditeurs ajustent et perfectionnent leurs contenus. Les "Petits classiques Larousse" bénéficient ainsi de pages de garde ornées de reproductions d’œuvres d’art alors que Tiphaine Pelé promet de jeter un "regard critique sur chaque édition afin de répondre aux nouvelles demandes". Grâce à un partenariat avec Audiolib, Hachette Education complète certains recueils ou certaines œuvres, telles Pauca meae, pourtant rééditée l’année dernière, de compléments audio, une initiative déjà testée en 2016 par "Les classiques pédago" du Livre de poche. Lancée en 2015 afin de "proposer aux enseignants, qui privilégient désormais les éditions parascolaires pour l’étude en classe, une gamme maison adaptée à leurs besoins", explique Isabelle Dubois, directrice éditoriale non-fiction et classiques au Livre de poche, la collection s’enrichira de six nouveaux titres dont un recueil de nouvelles fantastiques. De manière générale, les anthologies correspondant aux grands thèmes qui structurent les programmes reviennent en force dans les catalogues.

Seul Magnard annonce des changements marquants dans ses maquettes, sans vouloir en dévoiler plus. La filiale d’Albin Michel sera toutefois accompagnée par Belin, qui engage aussi la refonte de neuf des meilleures ventes de "Classico" "pour être encore plus en conformité avec les nouveaux programmes", justifie Annie Sirmai, directrice marketing de la marque d’Humensis. La maison portera également ses efforts sur le développement de l’innovante "Boussole". Inaugurée en septembre 2016 avec six premiers titres, la collection rassemble des textes patrimoniaux de la littérature jeunesse adaptés au cycle 3 (CM1, CM2, 6e), un public qui ne disposait pas de tels ouvrages. Très illustrés, disposant d’un dossier pédagogique élargi et d’un guide à télécharger pour l’enseignant, ces "véritables objets livres valorisants pour les professeurs privilégient le plaisir de lecture de l’élève", assure Annie Sirmai. Le concept sera enrichi de 6 nouvelles œuvres en mars et aura surtout à faire face à un premier concurrent. Fonctionnant exactement sur le même principe, la collection "Poche Larousse" sera lancée dès février avec quatre titres dont deux de Michael Morpurgo : Le joueur de flûte de Hamelin et Hansel et Gretel.

10.02 2017

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