Au lendemain de la tragédie des attentats du 13 novembre à Paris, Philippe Nessmann a éprouvé le besoin d’écrire un conte pour enfants. En lisant dans les journaux la vie brisée des victimes, il s’arrête sur l’une d’elle. Celle d’Ariane, 24 ans, qui travaillait pour Rustica, une revue de jardinage. Lorsque le site de la revue a annoncé le décès de sa salariée, un internaute a proposé de baptiser une rose du nom de la disparue. L’idée a ému l’auteur et lui a servi de matrice au conte qu’il a imaginé. Dans un village perdu de montagne fleurissaient toutes sortes de roses de toutes les couleurs. Des rouges pour les amoureux ardents, des blanches pour les grands-mères nostalgiques… Quant aux enfants, peu importait la couleur, ils les aimaient toutes. Un jour, le jardinier du village à qui l’on devait ces merveilleuses roses en créa une, fort singulière, d’un noir profond et sombre comme la nuit. Les villageois vinrent tous admirer la dernière-née et chacun put repartir avec un bout de tige pour qu’il le bouture dans son jardin. Le chef du village s’enticha tant et si bien de cette fleur sombre qu’il distribua de longs couteaux à ses gardes pour qu’ils aillent déraciner tous les autres rosiers. C’était compter sans l’ingéniosité du subtil jardinier… Cette parabole poétique, illustrée de simples roses très graphiques, est dédiée, comme il se doit, à Ariane.

Fabienne Jacob