Sequencity : des libraires face aux algorithmes

Fond d’écran du futur site Sequencity. - Photo Sequencity

Sequencity : des libraires face aux algorithmes

Avec "Sequencity", Actialuna remet les libraires à l’offensive dans la vente de BD numériques.

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Par Hervé Hugueny,
avec Créé le 08.05.2014 à 19h32 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

La jeune société Actialuna, qui s’était fait connaître avec la réalisation de L’homme volcan, va ouvrir prochainement "Sequencity.com", un projet de "cité des libraires" pour la vente de BD numériques sur lequel elle travaille depuis deux ans et demi. "Et nous y consacrons presque exclusivement tous nos moyens depuis un an", explique Denis Lefebvre, directeur général et fondateur de l’entreprise avec Samuel Petit, président de la société créée en 2010. Une dizaine de salariés travaillent à ce programme au premier étage d’anciens ateliers transformés en pépinière d’entreprises numériques, dans une allée calme de la rue des Haies, dans le 20e arrondissement de Paris.

L’objectif du projet est d’introduire le libraire, ses sélections, son conseil dans la vente de BD numériques, mais surtout pas de créer un simple site en marque blanche. "Internet tend vers l’exhaustivité du catalogue mais le problème pour le lecteur est ensuite de se repérer dans cette masse", explique Denis Lefebvre. Aujourd’hui, la visibilité repose sur les listes de meilleures ventes, plus ou moins manipulables par des promotions sur les prix, ou sur les algorithmes de recommandation qui dépendent aussi des critères de popularité : ils ne favorisent donc pas la découverte et l’originalité.

Simplicité.

Sequencity est testé avec cinq enseignes spécialisées (Aladin à Nantes, Le Livre dans la théière à Rocheservière, Expérience à Lyon, le réseau Momie Folie et la Libraire de Provence à Aix). "Nous avons voulu libérer le libraire des soucis de techniques, de visibilité sur Internet, de négociation commerciale, pour qu’il se consacre uniquement à la vente", insiste Denis Lefebvre. La réalité de cette ambition s’illustre par une fonction de chat (discussion), moyen simple de poser une question au libraire depuis l’application. "Ce n’est pas une hot line permanente, le libraire s’engage simplement à répondre pendant ses horaires d’ouverture. Il pourra alors recommander des livres, comme il le fait dans son magasin", prévoit le DG d’Actialuna. Tout sera gérable depuis une tablette, au milieu des rayons, sans besoin de s’enfermer dans un bureau devant un PC. "Nous avons privilégié la simplicité." L’application s’ouvre sur les lectures en cours, au-dessus de la bibliothèque du lecteur et de la "cité" regroupant les libraires adhérents. En s’appuyant sur son expérience antérieure de création, Actialuna a aussi développé de multiples fonctions d’ergonomie de lecture, de classement, de repérage pour l’utilisateur, qui pourra aussi tester ses premiers achats sans création de compte, une barrière souvent décourageante.

Le projet recueille des avis unaniment favorables chez les éditeurs contactés ou leur représentation collective (Casterman, Glénat, la plateforme Izneo), ce qui lui assurera une offre étendue dès le démarrage. Actialuna a aussi convaincu les actionnaires d’origine, qui ont remis au pot, et les pouvoirs publics (la Caisse des dépôts et consignations, BPIFrance (ex-Oséo), le CNL, l’université Pierre-et-Marie-Curie) dont le soutien est indispensable en l’absence de recette pour l’entreprise, avant la montée en charge du programme. Il reste la question de la rentabilité pour les libraires : la marge sur le numérique n’atteint que le tiers d’une vente de BD papier. Et dans un premier temps, l’application n’est disponible que sur l’App Store, où il faut rétrocéder 30 % à Apple, à moins de compliquer un peu la vie du client en lui faisant contourner ce péage.

Hervé Hugueny

08.05 2014

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