30 août > Premier roman France > Jean-Baptiste Andrea

La Provence, les années 1960, un pays qui serait d’abord celui de l’enfance ou plutôt d’un enfant, seul, perdu. Il n’a pas de nom ou s’il en a un, ce n’est pas le sien : Shell, puisque ses parents, tenant une station-service au pied de la montagne, l’ont affublé d’un blouson jaune publicitaire pour le pétrolier homonyme. Shell, qui ne va plus à l’école, est un gosse différent dans un monde guetté par l’indifférence. Un cœur pur, une âme simple, qui croit ce qu’il voit et craint tout le reste. Un jour comme les autres, un jour de peurs et de colères, alors que le menace un placement dans un institut spécialisé, une cigarette mal éteinte va faire basculer la vie de Shell. Il part. Dans la montagne, pour faire la guerre, croit-il, et fuit ce qu’il ne comprend plus, ceux qui ne veulent pas le comprendre. Il trouvera la solitude, la nuit, le silence du maquis. Et puis, au matin, comme en une étrange douceur, une fille, Viviane, surgie de la forêt et qui veut qu’on l’appelle "Ma Reine". La vie de Shell va pouvoir commencer.

Il ne faut pas être grand clerc pour pronostiquer, sans trop de risque d’erreur, que Ma Reine, le premier roman du cinéaste et scénariste Jean-Baptiste Andrea, devrait être l’un des événements de cette rentrée littéraire. Avant même sa parution, Folio a préempté ses droits poche, et il est en cours de traduction en Allemagne, Italie et Roumanie. Il règne sur cette parution un parfum qui n’est pas sans rappeler celui qui précédait la publication du Bojangles d’Olivier Bourdeaut, avec lequel il partage une identique fantaisie plus noire qu’il n’y paraît. A la manière aussi des livres d’Ajar-Gary, Ma Reine est une fable, tendue, poétique, brillamment incarnée. Sur les pas d’un enfant perdu, un écrivain est né. O. M.

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