À L'AMÉRICAINE. Le défilé « haute culture », où l'"Association des bibliothécaires fous" se moquait gentiment avec une galerie de caricatures, du geek hyperconnecté à la bibliothécaire symbolisant l'ABF (photo), en passant par celle qui revêt- Photo OLIVIER DION

Secouant leur complexe d'infériorité face à leurs voisins culturels, certaines bibliothèques prennent aujourd'hui les choses en main avec des campagnes de communication d'envergure qui n'ont plus rien à envier à celles des musées ou des théâtres, comme l'ont démontré plusieurs expériences relatées lors du congrès. A Anzin, petite commune de 15 000 habitants dans le Nord - Pas-de-Calais, l'ouverture de la médiathèque en novembre 2010 a été accompagnée par une grosse action de communication : pub radio sur RFM, campagne d'affichage, annonces sur le site Internet et dans le bulletin de la ville, encarts publicitaires dans la presse locale. Coût de l'opération : 30 000 euros. Résultat : 2 500 visiteurs sont venus à la bibliothèque lors de l'inauguration, et 42 000 en tout depuis l'ouverture.

MISS MÉDIA, BIBLIOTHÉCAIRE VIRTUELLE

Photo OLIVIER DION

L'expérience de la ville de Metz a fait également partie de celle qui a le plus retenu l'attention. Pour redorer son image et reconquérir le public, la médiathèque messine n'a pas lésiné sur les moyens : création d'un logo, d'un nom (Bibliothèques médiathèques de Metz), d'un magazine au titre piquant (Le Barouf de Miss Média) et surtout d'un avatar, Miss Média, devenu la bibliothécaire virtuelle la plus célèbre de France. Ce personnage inventé par l'illustrateur de presse André Faber est décliné de multiples manières (strip de BD publié chaque semaine, sur les cartes de lecteurs, les sacs, etc.). Elle a même sa page sur Facebook, à laquelle se sont inscrits tous les élus de la municipalité !

Elaborer de vastes plans de communication ne représente qu'une partie de l'effort. Concernant la médiation en ligne, le portail Internet est un outil indispensable, mais il ne touche que les gens déjà utilisateurs. Comme le rappelait Lionel Dujol, responsable de la médiation numérique dans les médiathèques Pays de Romans, "environ 80 % des habitants d'un territoire n'utilisent pas la bibliothèque". A la médiathèque de Romans, 75 % des internautes sont arrivés sur le site Internet en faisant une recherche générale par auteurs ou par sujets. Tout l'enjeu consiste donc à valoriser des contenus thématiques et à toucher les usagers en fonction de leurs centres d'intérêt en allant là où ils se trouvent : sur les réseaux sociaux. D'où l'importance de créer un blog sur le polar, une page Facebook sur l'écologie ou encore un site avec des recommandations de lecture. "Cela n'a aucun intérêt de créer une page Facebook seulement pour afficher les horaires de la bibliothèque", a insisté Lionel Dujol. Ce qui nécessite un travail d'animation important de la part des équipes, mais aussi d'accepter le rôle actif des internautes. En Belgique, les réseaux littéraires sociaux tels que Babelio ou Libfly signalent les livres des bibliothèques qui leur envoient leurs notices et à l'inverse les catalogues de bibliothèques s'enrichissent des informations de ces réseaux. "Il faut penser le catalogue comme un service aux usagers et non comme un outil fonctionnel », a indiqué Alexandre Lemaire, responsable de la cellule TIC au service de la lecture publique de la Communauté française de Belgique.

27.10 2015

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