Soutiens politiques et solidaires pour Virgin

© Manon Quinti

Soutiens politiques et solidaires pour Virgin

Plusieurs centaines de salariés se sont rassemblés devant le Virgin des Champs-Elysées, puis en face du siège du principal investisseur, Butler Capital Partners. Des hommes politiques et des salariés d'autres entreprises en difficulté sont venus les soutenir.

avec mq Créé le 15.04.2015 à 22h43

Dans le cortège, des employés de Virgin, mais aussi de Sanofi, PSA et Candia. « Même combat » pour ces quelques centaines de manifestants (500 à 600 selon les syndicats) qui se sont rassemblés, ce mardi 29 janvier à la mi-journée, devant le Virgin Megastore des Champs-Elysées. L'enseigne culturelle a été placée le 14 janvier dernier en redressement judiciaire, assorti d'une période d'observation de quatre mois par le tribunal de commerce de Paris.

Le pari semble réussi pour les syndicats, désireux de faire mieux que la manifestation du 9 janvier qui avait rassemblé une centaine de personnes. De nombreux employés de magasins de province ont fait le déplacement, comme ceux de Marseille, Montpellier, Avignon, Lyon, Dunkerque, Rennes.?Du côté des parisiens, les salariés de Bercy sont venus « tellement nombreux qu'ils ont été obligés de fermer leur magasin », précise en souriant le délégué du personnel CGT-Virgin, Frédéric Lebissonnais.

Mélenchon, Besancenot, Poutou et Arthaud étaient présents

Mais surtout, des hommes politiques de gauche, suivis par une nuée de journalistes et de caméras, ont pris la parole pour demander aux salariés de refuser la fatalité. Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) a qualifié l'actionnaire majoritaire William Butler de « parasite », dénonçant la vente du Furet du Nord « et autres perles », avant de lancer un message d'encouragement aux salariés : « Nous sommes ici pour vous adresser un salut fraternel, car il ne faut pas baisser les yeux et ne pas se résigner ».

Olivier Besancenot, Philippe Poutou (NPA) et Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) se sont aussi exprimés, ainsi que plusieurs responsables syndicaux. Pierre Laurent, numéro un du PCF, a ainsi prôné une « loi contre les licenciements boursiers ». Ce sera un des seuls à faire partie du cortège de salariés se rendant à quelques centaines de mètres des Champs-Elysées, au 28 Cour Saint-Emilion, devant le siège de l'actionnaire majoritaire Butler.

Dans le cortège, les sentiments des salariés sont partagés. Louis*, 24 ans, employé depuis 4 ans au Virgin de Rouen, refuse de se laisser abattre : « C'est pas possible que Virgin disparaisse », répète-il. Mais, s'il se dit optimiste, il est dans l'attente de propositions concrètes : « On parle de possibles repreneurs, mais c'est flou ». « Il faut que la librairie française comprenne qu'on est tous concernés », souligne-t-il. « Si on ferme, le monde éditorial français va en pâtir », renchérit Adrien, 23 ans, à Virgin depuis un an.

« Il faut boycotter Amazon, comme en Grande-Bretagne »

Pour Henri* aussi, le problème ne concerne pas seulement l'emploi des salariés de Virgin. âgé de 39 ans, travaillant pour l'enseigne culturelle depuis 13 ans, il aimerait ainsi que « les librairies indépendantes viennent soutenir » leur cause. Il en appelle même au « comportement éthique » des clients : « Il faut boycotter Amazon, comme en Grande-Bretagne (voir notre actualité).» « Et les artistes qui font des concerts, les auteurs qui viennent dédicacer leurs livres, ils sont aussi concernés !», lance Florian*, 24 ans.

Marjorie* et Claire* se disent aussi dans l'attente. Ces jeunes femmes de 28 ans sont en poste depuis un an et demi au Virgin de Toulon, un des magasins les plus rentables en France, et qui emploie seulement 15 salariés. « Tant que je garde mon travail, je suis contente ! », affirme Claire.

15 heures : c'est l'heure de la confrontation. Une délégation de 15 personnes, quatre responsables et onze salariés, va être reçue par William Butler. Parmi elles, Eric Scherrer, président de la Seci-CFTC, syndicat des employés du commerce et de l'industrie parisienne. Le projet d'un nouveau concept de magasin proposé par Patrick Zelnik, patron du label Naïve (LH 938 du 25 janvier 2013, p.33), lui semble intéressant. « C'est bien d'apporter des idées pour une entreprise qui n'a pas évolué depuis 5 ans », souligne-t-il, même si cela ne suffira pas selon lui. « Il va falloir freiner sur le prix du loyer sur les Champs Elysées : aucun magasin ne peut être rentable dans ces conditions ! ». Quant à Christine Mondollot, « Elle n'avait qu'un but : savoir comment elle allait fermer l'entreprise ».


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* Les prénoms des employés interrogés ont été changés.

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