24 août > Roman Belgique > Thomas Gunzig

Les religions trouvent du sens là où il n’y en a sans doute aucun. La littérature introduit de l’absurde là où l’existence avait un semblant de cohérence. Dans son nouveau roman La vie sauvage, Thomas Gunzig s’empare d’une situation a priori heureuse : seize ans après la mystérieuse disparition de l’Airbus A330 du vol AF 267 Paris-Le Cap, Alain VanHout retrouve son neveu Charles, fils de son frère Guy VanHout et de son épouse Michelle. Seul rescapé du crash, le bébé avait été découvert dans la jungle africaine par une tribu dirigée par Cul-Nu. Aucune raison qu’on n’eût de traces de l’enfant âgé alors de 6 mois, n’était cette photo qui circule sur les réseaux sociaux planétaires taguée "The Son of Tarzan" : un jeune garçon blanc parmi un groupe de Noirs. Charles serait sorti des radars, comme l’avion qui les transportait, lui, ses parents et les 317 autres passagers, si Sergey Brin et Larry Page, les fondateurs de Google et concepteurs de Google Street View, n’avaient pas existé et pas expédié aux quatre coins de la Terre des photographes traquant le moindre centimètre carré du globe. Voilà "l’enfant sauvage" identifié et rapatrié chez les siens, les VanHout, notables d’une ville moyenne du nord de l’Europe. Retour à la case départ : la "civilisation" d’où le hasard l’avait exilé. Le happy end est au début, sauf que l’auteur belge né en 1970, romancier, dramaturge et également scénariste (il a cosigné le scénario du Tout Nouveau Testament), a un sens de la dérision et de la satire plutôt développé. Ce n’est pas la fin, mais un début… pas du tout joyeux pour Charles, largué dans cette grise jungle de béton climatisée où les marchandises poussent dans les rayons plus vite que du chiendent. Commencent ses tribulations au cœur du darwinisme postmoderne, où le vrai faux Africain dans la Ville va se battre pour rejoindre "la vie sauvage" et son amour qu’il y a laissé.

Sean J. Rose

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