Née à Rennes en 1941, professeure de philosophie, Sylvie Le Bon a fait la connaissance de Simone de Beauvoir en 1961. Elle est devenue son amie d’élection. Après la mort de Sartre, l’écrivaine a décidé de l’adopter, faisant d’elle sa légataire universelle et son ayant droit afin qu’elle veille sur son œuvre. Sylvie Le Bon de Beauvoir l’a fait, publiant notamment ses écrits de jeunesse et un certain nombre de ses correspondances. Elle est aussi devenue sa biographe, rédigeant notamment l’Album qui accompagne les deux volumes de ses Mémoires.

Sylvie Le Bon - Je l’ai toujours voulu, et Antoine Gallimard m’a soutenue. L’idée d’origine est née vers 2000. Il a fallu constituer une équipe et l’entreprise a vraiment démarré il y a cinq ans. Nous avons souhaité privilégier le côté littéraire, et un choix était possible entre les romans et les Mémoires. L’éditeur a pris la seconde option, avec mon accord. Le projet autobiographique est central dans l’œuvre de Simone de Beauvoir, dès ses débuts. Et cela parle peut-être plus au public.

Suivant l’ordre chronologique de publication des différents ouvrages, avec une césure en 1952, au milieu de La force des choses. En ce qui concerne La cérémonie des adieux, on n’y trouve pas la dernière partie, les entretiens avec Sartre. Ils sont disponibles en "Folio", et "du côté Sartre" nous n’avons pas eu l’autorisation de les reprendre.

Je voulais y participer activement. En rédigeant la partie chronologique, ne serait-ce, au début, que pour moi-même. En aidant à l’établissement des textes. Je possède un certain nombre de manuscrits de Simone de Beauvoir, d’autres sont à la BNF, suite à la dation que j’ai faite en 1986 pour régler les droits d’héritage de l’écrivain, très élevés. C’est là que j’ai réalisé qu’elle était un écrivain "coté". D’autres manuscrits ont resurgi en ventes publiques. Simone de Beauvoir jetait beaucoup, certains ont fouillé dans ses poubelles. Cela l’aurait amusée. Bref, j’ai fait le travail invisible.

Au début, j’étais très réticente. Nous n’avions pas des rapports mère-fille. Et je ne voulais pas reproduire le schéma imaginé par Sartre avec Arlette Elkaïm. Mais Simone de Beauvoir a insisté parce qu’elle voulait me confier la destinée de son œuvre et de ses inédits plutôt qu’à sa famille.

Pour moi, c’était un moyen de vivre avec elle encore. En ce qui concerne ses lettres à Sartre, j’en ai retrouvé d’autres, il faudrait refaire une édition complète. J’aimerais publier leur correspondance croisée, mais je n’ai pas l’accord du "côté Sartre". Quant aux lettres à Claude Lanzmann, il a inventé que je m’opposais à leur publication, alors que je ne cesse de les lui réclamer pour ce faire. Il les a vendues à l’université de Yale, mais seulement 100 sur 300. Où sont les autres? Tout cela est très bizarre. De Simone de Beauvoir, il reste certaines correspondances inédites, mais aussi son Journal, tenu de façon intermittente, surtout dans les périodes de crise, passionnant et monumental. "Dans les lettres, on peut sauver la poussière du quotidien", disait-elle.

Album Simone de Beauvoir par Sylvie Le Bon de Beauvoir, Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade", 248 p.

Simone de Beauvoir, écrire la liberté, Jacques Deguy et Sylvie Le Bon de Beauvoir, Gallimard, "Découvertes Gallimard", 128 p., 15,30 euros (remise en vente le 17 mai). ISBN: 978-2-07-034901-2

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