Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

La participation du président de la République, mardi 20 février à la médiathèque des Mureaux, à la présentation par Erik Orsenna de son rapport sur les bibliothèques à la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, constitue un symbole fort. En Angleterre, le réseau des bibliothèques s’est fortement dégradé depuis dix ans. Aux Etats-Unis, le président Trump annonce des coupes drastiques dans les budgets de soutien à la lecture publique pour la deuxième année consécutive. L’engagement clair d’Emmanuel Macron, dès sa candidature à la magistrature suprême, en faveur de l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques, suivi par l’affectation de 8 millions d’euros supplémentaires à la Dotation générale de décentralisation pour les bibliothèques dans le cadre de la loi de finances 2018, laisse espérer une autre politique.

Sa mise en œuvre risque de se révéler plus délicate. De l’aveu même d’Erik Orsenna, les moyens dégagés doivent permettre d’appuyer "200 projets d’extension d’horaires". Mais ces moyens demeurent somme toute modestes au regard des besoins des bibliothèques françaises, très en retrait par rapport à celles, exemplaires, d’Europe du Nord. La prise en charge de tous les coûts structurels induits par l’extension des horaires implique un investissement lourd sur la durée. Surtout, si ambitieuse soit-elle, toute politique globale de l’Etat en faveur des bibliothèques se heurte à la répartition des compétences dans l’administration française, qui attribue la responsabilité de leur développement aux collectivités locales, pour la plupart confrontées aujourd’hui à des difficultés financières majeures.

Il faut reconnaître à Erik Orsenna et à Noël Corbin, qui l’a accompagné dans sa mission, un bel effort d’imagination pour démontrer à ces dernières la pertinence d’un investissement dans leurs établissements de lecture publique, et leur proposer des méthodes financièrement douces. Au fil des 19 propositions de leur rapport final, ils suggèrent une multiplication des partenariats et des démarches de mutualisation ainsi qu’une diversification du champ d’intervention culturelle des bibliothèques. Ils incitent à la réalisation d’expériences, proposent le développement de stratégies hors les murs et la création d’une plateforme nationale d’échanges entre professionnels. Reste à convaincre les communes et les départements. Ce pourrait être l’objectif d’une nouvelle mission.

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