Gibert Jeune, place Saint-Michel à Paris, racheté par son voisin Gibert Joseph.- Photo OLIVIER DION

Close sur la cession d’Auréole, à Auray, et sur celle de Bulles en stock à Amiens, "si toutefois nous parvenons à trouver à un accord avant le 31 décembre", précise Quentin Tissot, l’un des deux potentiels repreneurs, l’année 2017, l’une des plus fertiles de la décennie en matière de créations de librairies, n’a pas donné lieu à une multiplication des transmissions. Livres Hebdo en a répertorié 26, contre 32 en 2016. "C’est une année intermédiaire, marquée par une majorité de rachats de librairies petites ou moyennes, confirme Thierry Auger, chargé des librairies au Centre national du livre (CNL), qui a soutenu 12 projets. Pour autant, l’enjeu reste de taille. Si les transmissions représentent un tiers des dossiers, elles occupent la moitié de nos crédits alloués."

Plus faible en nombre de cessions, l’année aura tout de même été marquée par deux rachats spectaculaires au terme de procédures judiciaires. Gibert Jeune (Paris) et Sauramps (Montpellier) ont été sauvés à un mois d’intervalle. Le premier a été repris par son cousin et voisin le plus proche, Gibert Joseph. Ce dernier opère une fusion à forte charge symbolique puisque les deux enseignes n’en formaient qu’une jusqu’en 1929 (1). Le nouvel ensemble, qui comprend les deux plus grandes librairies parisiennes, pèse désormais 154 M€ de chiffre d’affaires, dont 114 dans le livre.

Pour Sauramps, qui compte cinq points de vente dont aussi l’une des plus grandes librairies françaises, la solution est venue de l’extérieur. Après six mois de rebondissements, le groupe montpelliérain a été racheté en juillet par la société immobilière Amétis, qui développe depuis un projet ambitieux avec pour objectif de recouvrer, d’ici à la fin 2018, un chiffre d’affaires de 25 M€ pour un investissement global de 6 à 7 M€ (2).

Atypiques par leur taille et leurs enjeux, ces transmissions sont néanmoins représentatives des processus à l’œuvre sur tout le territoire. La moitié des 26 librairies transmises au cours de l’année ont été rachetées par des librairies existantes ou des libraires en activité, telles Deloche à Montauban, Le Marque-page à Saint-Marcellin ou ex-Gladieux à Paris, reprise par Marija Méresse, qui travaille depuis quatorze ans dans l’entreprise. L’autre moitié a été reprise par des cadres en reconversion, comme Pierre Lenganey (industrie automobile) au Passage à Alençon, Thomas Berrond (enseignant) à la Librairie des Bauges à Albertville ou Catherine Grosjean (documentaliste) chez Nicod à Valentigney.

Les transmissions de librairies spécialisées - un peu plus du quart de l’ensemble - suivent le même modèle. Certaines concernent des enseignes emblématiques, telles Aladin à Nantes, l’une des plus vieilles librairies spécialisées BD, La Luciole à Angers et Rev’en pages à Limoges (jeunesse), pour qui la reprise, actée cet été, fait office de deuxième chance, presque inespérée. C. Ch.

(1) Voir LH 1132, du 2.6.2017, p. 24-25.

(2) Voir LH 1145, du 13.10.2017, p. 30-31.

15.12 2017

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