Europe

Le lobbying efficace de leur représentation à Bruxelles a donné trois ans de sursis aux librairies numériques européennes dans un dossier complexe : l’obligation de rendre leurs sites accessibles aux 510 millions d’habitants de l’Union est repoussée à fin 2020, selon l’accord trouvé entre les instances européennes à propos de la réglementation prévoyant d’interdire le blocage actuel de la vente de contenus numériques en fonction du pays de l’acheteur, ou "géobloquage".

La Fédération européenne et internationale des libraires (EIBF), représentée à Bruxelles par Françoise Dubruille, "soutient totalement l’objectif de cette proposition, à savoir l’ouverture de plus de marchés aux consommateurs et la promotion du commerce transfrontalier, mais estime que la mise en œuvre immédiate de cette mesure serait contre-productive, en l’état actuel du marché numérique". Une librairie numérique française ouverte sur son seul marché national aurait dû financer sans tarder une adaptation technique pour une diffusion hypothétique dans la zone euro et au-delà, dans d’autres devises, avec des taux de TVA différents. Le risque était grand qu’elle renonce plutôt à toute vente numérique, surtout lorsqu’il ne s’agit que de l’extension d’une librairie physique, qui se replierait sur son activité principale en laissant le champ libre à Amazon, Kobo-Fnac, Apple et Google.

"Feedbooks est conçu pour gérer cette complexité, mais c’est assez lourd. En Europe, nous avons ouvert les principaux marchés en euros, francs suisses et livres sterling, mais tenter de vendre du livre français en Scandinavie à un tarif exprimé en couronnes ne présenterait pas beaucoup d’intérêt", reconnaît Hadrien Gardeur, directeur général de cette librairie uniquement numérique.

Nombre de sites, vitrines sur Internet d’une librairie physique, sont gérés par des prestataires (ePagine, Leslibraires.fr, Numilog, TEA, etc.), qui se chargent en réalité de toute la technique, et de la gestion de la territorialité des droits et tarifs, sous la maîtrise des éditeurs. La concurrence et la fluidité du marché que l’UE veut promouvoir par cette réglementation sont en fait sans objet dans le livre numérique, dans la mesure où les prix et la diffusion sont contrôlés par les producteurs, et non par les revendeurs.                               Hervé Hugueny

15.12 2017

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