10 septembre > BD France

Il y eut, à la fin des années 1970, le fameux Café de la plage de Régis Franc (dernière édition Casterman, 1989) ou, plus récemment, le pittoresque De Gaulle à la plage de Jean-Yves Ferri (Dargaud, 2007). David Prudhomme et Pascal Rabaté s’emparent à leur tour du merveilleux poste d’observation de l’humanité en pleine action que constitue le littoral en plein été. Le pitch de Vive la marée ! présente l’avantage de la simplicité. D’abord un prélude en voiture ou en train sur le chemin des vacances. Puis, sur et autour d’une plage de la côte atlantique, une théorie de saynètes finement articulées qui donnent à voir les comportements et l’état d’esprit de plusieurs dizaines de personnages ordinaires profitant, sans prétention particulière, en famille ou entre amis, de leurs congés payés.

Travaillant à quatre mains sur le scénario et le dessin, les deux auteurs montrent les femmes de tous âges rôtissant consciencieusement, les nageurs et les barboteurs, les inévitables joueurs de volley-ball et autre pétanqueurs, les pêcheurs de crevettes, les vieux aigris, les gamins pénibles, les nudistes décomplexés, les promeneurs solitaires, philosophes ou moralistes, ou encore les dragueurs lourds. Une truculente galerie de portraits, du père de famille transformé en GO à la harpie qui trouve son plaisir dans la contrainte de son entourage. Tous se côtoient et s’observent, se croisent sans forcément entrer en contact, et fantasment abondamment les uns sur les autres. Sur le plan formel, soignant leurs enchaînements, faisant savamment passer leurs personnages du second plan au premier et vice-versa, David Prudhomme et Pascal Rabaté composent un ballet particulièrement subtil.

Sans forcer le trait, sans jamais sortir de leur position d’observateurs, se contentant d’objectiver par les dessins les scènes qui se présentent à eux, les deux auteurs mettent à jours nos travers et nos hypocrisies dans une nouvelle comédie humaine qui frappe, finalement, par son intemporalité. L’album paraît curieusement au moment de la rentrée, mais il permet de réveiller les souvenirs des vacances, les meilleurs comme les pires.

Fabrice Piault

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