23 août > Jeunesse France > Patrick Olivier Meyer

Entre une grande sœur dont la puberté explosive l’exaspère, un grand frère adoré mais absent, une mère aussi névrosée que formatée, Jérémy, 8 ans, peine à trouver ses marques sur l’échiquier familial. A l’école non plus, ce n’est pas la joie. Pour lui tenir compagnie, il s’invente une amie imaginaire et secrète, une certaine April March, une fieffée routarde qui s’est fait la malle de son pensionnat histoire de fuguer à sa guise à travers toute l’Angleterre. Cette délurée qui a pour nom le printemps incarne pour lui l’idéal humain. Tout ce qu’il n’est pas : aventurière, culottée, libre. Tous les jours, il lui crée de nouvelles histoires jusqu’à n’exister plus qu’à travers elle et à vouloir la rejoindre. Même le retour de Luka, le frère tant aimé, ne parvient pas à l’extirper de cette seconde vie où il trouve refuge.

Autour de lui, la famille est sur les dents. Plus angoissée que jamais, la mère ne sait plus à quel saint, pardon, à quel psychothérapeute se vouer. Même le père, pourtant obnubilé par son boulot, est appelé à la rescousse et accepte d’emmener son fils sur le chantier qu’il supervise. Grande première et effort notoire, mais qui échoue lamentablement sur le siège de sa grosse berline. En effet, sommé de montrer ce qu’il triture ainsi dans ses doigts, Jérémy doit avouer que c’est du sable. Pourquoi avoir rapporté du sable ?, s’étonne le père. "Pour me souvenir", répond simplement Jérémy. "Enlève-moi cette saleté du siège", conclut illico presto le père.

C’est avec doigté et loin de toute caricature que Patrick Olivier Meyer met à nu ces désarrois minuscules, qui condamnent à la solitude l’enfant pas comme les autres. Fabienne Jacob

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