D’aucuns se sont étonnés que l a « suite » de L'Attrape-coeurs puisse bientôt paraître partout, sauf en Amérique du Nord. Rappelons que l’affaire, qui a débuté en 2009, oppose J.D. Salinger — et ses ayant-droits — à Fredrik Colting, publiant sous le pseudonyme de… « J.D. California ». Celui-ci dirige par ailleurs Nicotext, maison d’édition suédoise implantée en Angleterre, ayant publié 60 Years Later : Coming Through The Rye , présenté comme la suite de L’Attrape-cœur ( The Catcher in the Rye ). Le romancier culte a aussitôt attaqué aux Etats-Unis, et obtenu gain de cause auprès de la juge Deborah Batts, qui a interdit cette suite des aventures d’Holden Caulfield, avant leur sortie dans les librairies américaines. Mais le Suédois a interjeté appel. Le contentieux a soudainement tourné au compromis en mai dernier. Car, entretemps, le 27 janvier 2010, Salinger est passé ad patres. Et on sait combien certains ayant-droits peuvent avoir une vision quelque peu différente de la gestion de l’œuvre que n’en avait son géniteur. D’autant plus que la stratégie de Salinger semblait, de son vivant, viser à obtenir une interdiction définitive sur le territoire américain avant d’engager, en cas de succès, des procès contre la totalité des autres éditions prévues à l’étranger. Ses héritiers ne semblent pas avoir la même patience, ni l’envie de se lancer dans des procédures aussi onéreuses que le nombre de territoires potentiels intéressés. Il faut dire que, en droit de la propriété littéraire et artistique, une décision de justice est limitée dans ses effets au pays visé, les juges ne pouvant se substituer à leurs homologues d’autres nationalités. Il existe certes de grands traités internationaux qui font aujourd’hui la quasi-unanimité, telle la fameuse Convention de Berne, mais ces textes prévoient des règles communes en matière d’œuvres protégeables   ou de durée des droits, sans avoir jamais mis en place de juridiction internationale du droit d’auteur permettant d’obtenir en un seul jugement gain de cause sur toute la planète. Ce qui explique l’accord conclu entre les différentes parties, aux termes duquel l’auteur/éditeur de la suite controversée a accepté la décision de 2009 lui interdisant la commercialisation de son œuvre aux Etats-Unis ; mais a obtenu en contrepartie la liberté d’une mise sur le marché dans le reste du monde. Son texte, déjà paru en Grande-Bretagne et en Suède, peut désormais être acquis en toute quiétude par d’autres éditeurs pour les langues et pays disponibles.  
15.10 2013

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