Virgin des Champs-Elysées: manifestation d'une centaine d'employés «écœurés» mais «combatifs»

Les salariés de Virgin devant l'Hôtel de Ville © M. Quinti

Virgin des Champs-Elysées: manifestation d'une centaine d'employés «écœurés» mais «combatifs»

Plus d'une centaine d'employés se sont rassemblés sur les Champs-Elysées à Paris puis à l'Hôtel de Ville pour sauver leur emploi.

avec mq Créé le 15.04.2015 à 22h43

«La culture en rupture de stock», «L'addition c'est pour Butler», «Butler assume tes erreurs»: tels étaient les slogans de plus d'une centaine d'employés et des syndicats CGT, CFE-CGC, FO et Sud qui se sont rassemblés mercredi 9 janvier devant Virgin Megastore des Champs-Elysées, au moment même où l'enseigne déposait officiellement le bilan auprès du tribunal de commerce de Paris. Le magasin, qui emploie 185 salariés, restait toutefois ouvert au public.

Une assemblée générale d'une dizaine de minutes s'est tenue sur les grands escaliers du magasin. Parmi les salariés présents, Sophie*, qui se dit «écoeurée»: «Je suis rentrée en 1989 à Virgin. Cela représente la moitié de ma vie». «L'enseigne a fait des choix débiles, comme installer les caisses au premier étage, ou de ne pas mettre les produits en vente en ligne. On ne nous a pas demandé notre avis», regrette-elle.

«Si Virgin tombe, la Fnac, c'est les suivants!»

«Je suis en colère. C'est comme si on n'avait aucune valeur», renchérit Sabine*, arrivée de Pologne en 1992 et salariée depuis 3 ans. Leurs collègues du Virgin de Rouen ont fait le déplacement, et «des salariés de la Fnac et de Gilbert et Joseph sont même venus», souligne Emma*, 25 ans, embauchée en 2010. «Si Virgin tombe, la Fnac, c'est la suivante!», lance Laurent Degousse, secrétaire de Sud commerce et ex-salarié de Virgin.

Selon lui, les mutations du numérique n'expliquent pas tout. «A partir de 2008 (ndlr: l'arrivée de l'actionnaire principal de Virgin, Butler Capital Partners), la situation s'est dégradée. Bien sûr il y a le téléchargement, bien sûr les loyers sont chers, bien sûr qu'on est en crise. Mais les principaux responsables, ce sont les dirigeants. Ils n'ont pas payé les loyers du dernier semestre. Sur 27 magasins, 19 sont en procès avec les bailleurs». «Les salariés ont fait des sacrifices. Depuis 1999, ils n'ont plus de 13e mois, et depuis 2007, il y a très peu d'augmentations de salaires», explique-t-il.

Les syndicats demandent l'implication de Bertrand Delanoë

Employés et syndiqués ont ensuite descendu les Champs-Elysées pour se rassembler sur le parvis de l'Hôtel de Ville. Car le tribunal de commerce de Paris doit décider, dans deux semaines, si la cessation de paiement débouchera sur une procédure de redressement ou sur une liquidation judiciaire. Pour Laurent Degousse, qui «espère un repreneur» mais n'y croit pas, «on a quinze jours pour demander des comptes à Butler.»

Les syndicats avaient rendez-vous à 16h avec Lyne Cohen-Solal, adjointe du maire de Paris, Bertrand Delanoë, en charge du commerce. Leurs demandes: «l'implication de Bertrand Delanoë», mais aussi «une salle pour organiser un concert de soutien aux salariés de Virgin», détaille Laurent Degousse. Un groupe Facebook, qui compte 2 550 abonnés, a même été créé. Une grande manifestation est aussi prévue, avec comme destination le siège du fonds d'investissement de Walter Butler, Butler Capital Partners... à deux pas des Champs-Elysées.

* les prénoms des salariés interrogés ont été changés.
15.04 2015

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