Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

C’est une affaire qui roule : avec la proclamation, concentrée sur une semaine, des grands prix d’automne s’achève comme chaque année la période de la rentrée littéraire, tandis que démarre celle, décisive, des ventes des fêtes. Cette année, les femmes n’y occuperont que portion congrue. Après un palmarès équilibré en 2015, celui de l’an dernier leur avait fait la part belle. En revanche, après qu’Alice Zeniter et Véronique Olmi ont été promises aux plus hautes récompenses, les principaux prix 2017 reviennent finalement à des hommes. Eric Vuillard succède à Leïla Slimani au Goncourt, Olivier Guez à Yasmina Reza au Renaudot, et Daniel Rondeau à Adélaïde de Clermont-Tonnerre à l’Académie. Philippe Jaenada remporte le Femina. Mais là, les dames du Femina ne font que réaffirmer leur fidélité aux hommes : elles avaient couronné Marcus Malte en 2016 et Christophe Boltanski en 2015.

Dès le lundi 6 novembre en tout cas, jour de son sacre, Eric Vuillard était l’invité du journal de 20 heures sur France 2. Le lendemain matin, le lauréat du prix Goncourt 2017 participait, avec celui du Renaudot, Olivier Guez, à la matinale de France Inter. On a beau regretter l’insuffisance des espaces dédiés au livre et à la littérature dans les médias audiovisuels, force est de constater que la France est le seul pays où des prix littéraires peuvent susciter une effervescence médiatique telle qu’elle peut nourrir, ne serait-ce qu’un peu, les conversations de bureau. Et déclencher dans la foulée un phénomène commercial de grande ampleur. Sorti à quelque 30 000 exemplaires à la veille de son couronnement par le jury Goncourt, L’ordre du jour a été réimprimé immédiatement après à 250 000 exemplaires… Pour commencer.

Désormais, "winter is coming", comme le répètent en boucle les héros de Game of thrones. Mais cet hiver qui vient s’annonce moins sombre sur le marché du livre que dans l’univers créé par George R. R. Martin. Côté ventes, une production riche et diversifiée permet d’espérer une belle fin d’année. Dans son prolongement se profile une dense "rentrée littéraire d’hiver". Nous en commençons cette semaine le dévoilement dans nos avant-critiques avec, en figure de proue, le nouveau roman de Delphine de Vigan.

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