15 février > roman France > Alice Moine

Pour sa deuxième livraison après Faits d’hiver (Kero, 2015), la chef monteuse Alice Moine a choisi d’installer une romance à suspense au cœur de son univers professionnel. Une directrice de casting parisienne, un producteur au profil de "businessman de l’Entertainment" excité par un "projet artistique ambitieux", un photographe d’art de renommée mondiale à la recherche de l’interprète principale de son premier long-métrage, une jeune provinciale croisée à un péage d’autoroute sont les protagonistes de cette histoire d’amour et de cinéma en bord de mer.

Look androgyne, visage impassible et légère claudication, Jane, surnommée "L’Œil", "Mademoiselle H" pour ses clients, vit seule dans un loft au-dessus des bureaux de son agence de casting dans le centre de Paris, où elle se dévoue entièrement à son travail, assistée de Nicolas, un fou de mode. Professionnelle distante et impassible, elle se voit confier la mission de trouver une jeune fille susceptible d’incarner "la femme de dos", l’héroïne d’une série du photographe Telo Ruedigger autour de laquelle l’artiste veut écrire le scénario de son prochain film.

Contrainte de rentrer dans une ville méridionale au chevet de sa mère plongée dans le coma après un AVC, la directrice de casting se retrouve coincée dans la maison familiale au bord de la Méditerranée, où ont été tournées des scènes du film d’André Téchiné Les innocents en 1987, quand Jane avait 16 ans. L’été où elle est tombée amoureuse d’un jeune photographe de plateau de dix ans son aîné, embauché sur le tournage. C’est donc dans le décor de son adolescence, des lieux qu’elle a quittés brutalement près de trente ans plus tôt, qu’elle croise une potentielle "fille de dos", qui lui ressemble comme une sœur.

Alors que remontent à la surface les souvenirs de la passion perdue, Jane tente d’élucider les circonstances d’un mystérieux accident dont elle a tout oublié. Dans une écriture très dialoguée, Alice Moine tire les ficelles de ce thriller sentimental, observant avec un mélange de bienveillance et d’ironie légère les mœurs du monde du cinéma, cette "grande famille" qui "ne tolère aucun aigri ressassant l’échec. On en est ou on n’en est pas."

Véronique Rossignol

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