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Librairie : les clients au rendez-vous dès le premier jour

A La librairie L'écume des pages, le 11 mai 2020 - Photo Olivier Dion.

Librairie : les clients au rendez-vous dès le premier jour

Clients nombreux et masqués, et libraires soulagés. Tel était le bilan, lundi soir, de la première journée de réouverture des librairies, placée sous le signe du plaisir partagé.

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Par Cécile Charonnat,
Créé le 12.05.2020 à 18h11

"A 14 heures, nous avons ouvert sous la pluie mais ce soir nous fermerons sous un rayon de soleil. C'est une très bonne image de mon moral", pointe, amusé, le propriétaire de la librairie Le Failler à Rennes, Dominique Fredj.

Cette métaphore météorologique, bon nombre de libraires la reprennaient à leur compte au soir de ce lundi 11 mai qui marquait le premier jour d'ouverture après deux mois de confinement. Inquiets devant les incertitudes liées à la fréquentation, au respect des consignes sanitaires et à l'efficacité des aménagements de leur magasin, la majorité des professionnels s'estime globalement "heureuse" et soulagée au terme d'un lundi pas comme les autres.

"Les clients sont au rendez-vous. Nous espérions une bonne surprise, nous n'avons pas été déçus", se félicite Emmanuelle Robillard, directrice des projets chez Mollat, à Bordeaux, qui a dénombré une centaine de clients patientant devant les portes à 11 heures. "C'était la fête, comme en décembre", abonde Rémy Ehlinger, de Coiffard, à Nantes, qui a passé la journée à accueillir et à conseiller les clients "heureux de retrouver la librairie."

Soutien

Déambulant dans une ambiance bienveillante, masqués à plus de 95% et très respectueux des consignes sanitaires, les clients ont donc retrouvé le chemin des librairies. Pour le plaisir de sortir, de fréquenter un lieu connu et aimé, de "parler de ce qui leur est arrivé", précise Aurélie Bouhours d'Au Temps des livres à Sully-sur-Loire, mais aussi pour consommer.

"En venant nous acheter des livres, les gens expriment leur attachement et leur soutien à nos commerces, leur militantisme", analyse Isabelle Gaucherand, propriétaire du Bleuet, à Banon, qui, à 16 heures lundi, avait passé en caisse plus de 100 tickets, ce qui est "totalement exceptionnel pour un lundi, pluvieux de surcroit", ajoute la libraire.

Un lundi comme un vendredi

Plus de mille visites chez Mollat, des chiffres d'affaires plus proches d'un vendredi que d'un lundi comme chez Coiffard ou à la librairie des Abbesses (Paris), en hausse de 30 à 40% chez Le Failler, de 84% au Comptoir des mots et au Comptoir des lettres (Paris), doublé à L'Intranquille (Besançon) ou au Silence de la mer (Vannes), les clients n'ont pas lésiné sur leurs achats, faisant grimper le panier moyen.

Si parfois la jeunesse ou le poche ont été privilégiés, les ventes ont toutefois été variées, avec une appétence particulière pour les coups de cœur des libraires. "Nous avons eu un panel extrêmement large de lectorat, note Stéphanie Hanet, responsable communication de Coiffard. Même des livres d'art sont partis et nous avons fait beaucoup de paquets cadeaux. On sent que le pouvoir d'achat est un peu plus fort et que les clients ont envie de donner leurs sous à leur libraire." Pascal Thuot, qui a reçu la visite du ministre de la Culture, Franck Riester, dans sa librairie Mille Pages (Vincennes) constate, lui, une augmentation du fonds de "bon augure pour le métier."

Satisfaits de ce premier round, les libraires n'en demeurent pas moins prudents. "Le bilan qui compte sera tiré à la fin du mois, une fois que l'effet de réouverture sera passé et que les nouvelles habitudes de consommation se seront installées", conclut Michel Méchiet, propriétaire de L'Intranquille. "Pendant quelques mois nous allons être quasiment la seule offre culturelle avec les disquaires, tempère, volontaire, Pascal Thuot. Nous avons donc une carte à jouer, notamment en réinventant nos relations avec nos clients."

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