Palmarès Livres Hebdo des libraires 2018

Maylis de Kerangal et Zadie Smith au firmament

Maylis de Kerangal - Photo Francesca Mantovani/Gallimard

Maylis de Kerangal et Zadie Smith au firmament

Deux femmes, Maylis de Kerangal et Zadie Smith, arrivent en tête du Palmarès Livres Hebdo 2018 des romans de la rentrée littéraire préférés des libraires. Ces derniers saluent la diversité de la production, appréciant, à côté des valeurs sûres, la confirmation de jeunes talents et de nombreux premiers romans. _ par Clarisse Normand

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Par Clarisse Normand,
Créé le 21.09.2018 à 01h30

Alors que le portrait robot de l'auteur de la rentrée littéraire 2018 est celui d'un homme d'âge mûr, d'après l'étude produite en août par Livres Hebdo (1), les librairies plébiscitent, parmi les 567 romans annoncés, ceux de deux femmes : Maylis de Kerangal pour Un monde à portée de main (Verticales) en littérature francophone, et la Britannique Zadie Smith pour Swing time (Gallimard) parmi les traductions. En tête du 14e Palmarès Livres Hebdo des romans de la rentrée préférés des libraires, ces deux titres mettent en scène des amitiés de jeunesse, propices à des questionnements d'identité. Alors que Maylis de Kerangal plonge ses lecteurs dans l'univers de la peinture en trompe-l'œil, Zadie Smith met à l'honneur la danse, passion de deux fillettes métisses dont les parcours divergeront. La première avait déjà été appréciée par les libraires avec Naissance d'un pont (10e de notre classement en 2010). La seconde n'est pas non plus nouvelle dans le palmarès où, dès 2001, elle avait fait une entrée remarquée avec Sourires de loup, qui avait été classé numéro un par les libraires.

Zadie Smith- Photo DOMINIQUE NABOKOV/GALLIMARD

Une percée féminine

Rare, la présence de deux femmes sur la première marche du podium n'est toutefois pas inédite. En 2015, Delphine de Vigan (D'après une histoire vraie) et Toni Morrison (Délivrances) avaient eu simultanément les honneurs des libraires. Mais, les femmes sont aussi très présentes dans le palmarès 2018, dans une quasi-parité avec les hommes. Elles sont neuf dans le top 20 francophone et dix dans le top 20 étranger. Les primo-romancières, en particulier, font une percée. Les trois premiers romans cités côté francophone sont chacun l'œuvre d'une femme. La jeune Belge Adeline Dieudonné se classe 5e avec La vraie vie (L'Iconoclaste) qui, déjà distingué par les prix du Roman Fnac et Première plume, figure sur les premières sélections du Goncourt et du Renaudot. Elle est suivie par Inès Bayard pour Le malheur d'en bas (Albin Michel) et Estelle-Sarah Bulle pour Là où les chiens aboient par la queue (Liana Levi). Juste derrière les vingt premiers, Pauline Delabroy-Allard avec Ça raconte Sarah (Minuit) se situe au 26e rang du classement général mais est portée au 16e par les libraires hommes.

En littérature étrangère, où quatre auteurs traduits pour la première fois en français figurent parmi les 20 préférés, trois sont des femmes. Deux sont américaines : Leni Zumas avec Les heures rouges (Presses de la Cité) et Fatima Farheen Mirza avec Cette maison est la tienne (Calman-Lévy). La troisième est malaisienne : Shih-Li Kow pour La somme de nos folies (Zulma). Seul primo-romancier dans les deux classements, l'Ecossais Mick Kitson se distingue avec son Manuel de survie à l'usage des jeunes filles (Métailié).

Plus encore que les années précédentes, les 361 libraires interrogés par l'institut I+C pour Livres Hebdo (voir p. 34) saluent une rentrée ouverte. Catherine Raimbault (Des livres et vous, à Périgueux), apprécie d'avoir pu lire « autant des livres importants qui interrogent notre époque, que des petites douceurs ». Au cours de l'été, les libraires ont lu à peine moins que l'an dernier, entre 15 et 21 romans de la rentrée selon les circuits (voir graphiques p. 34), et ils ont cité dans leurs palmarès un nombre d'auteurs élevé, en particulier en littérature française avec le nombre record de 163 appréciés au moins par l'un d'entre eux. « On trouve cette année autant de grands noms que de primo-romanciers et d'auteurs qui s'affirment », note Paméla Rousseau (Cultura, à Brive) qui a volontiers « entrecoupé ses lectures de premiers romans, souvent générateurs de frustrations et de déceptions, avec des valeurs sûres ». On retrouve dans notre palmarès les habitués Serge Joncour (2e), Jérôme Ferrari (3e), Yasmina Khadra (6e), Metin Arditi (12e), Eric Fottorino (17e) et surtout Amélie Nothomb (9e), qui, seule dans ce cas, n'a jamais manqué à l'appel depuis 2005 !

Belles surprises

Se réjouissant de « belles surprises », Maria Ferragu (Le Passeur de l'Isle, à L'Isle-sur-la-Sorgue) observe « avoir eu plus de plaisir à lire les jeunes talents plutôt que les têtes d'affiche. J'ai particulièrement apprécié ceux qui ont confirmé leurs qualités tout en se renouvelant. » Elle cite Nicolas Mathieu (4e) pour Leurs enfants après eux, qui succède au polar social Aux animaux la guerre, ou encore Jérémy Fel (7e) avec Helena. Côté étranger, Nicole Krauss opère un retour en force avec Forêt obscure (10e), douze ans après L'histoire de l'amour (1er du palmarès 2006). Cette année, la littérature anglo-saxonne prend la part du lion avec 15 auteurs dans le top 20. Les cinq places restantes reviennent au Néerlandais Stefan Hertmans pour Le cœur converti, l'Islandais Jón Kalman Stefánsson pour Asta, présent sur les listes du Femina et du Médicis, ainsi qu'à la Japonaise Ito Ogawa, la Malaisienne Shih-Li Kow et l'Espagnol Javier Cercas, habitué du palmarès Livres Hebdo des libraires.

Symptomatique de l'ouverture du jeu, aucune maison d'édition, parmi les douze citées en littérature française et les dix-sept en littérature étrangère, ne s'impose vraiment, à l'exception de Gallimard, qui figure sur la première marche de chaque classement, directement ou via son label Verticales. Avec Flammarion, qui occupe les deux deuxièmes places, le groupe -Madrigall tire le meilleur du palmarès 2018.

Différences d'avis

Les choix des libraires se révèlent assez différents selon leur type d'établissement. En littérature française, les libraires des grandes surfaces culturelles (GSC) ne placent Maylis de Kerangal qu'au 16e rang et attribuent la première place à Adeline Dieudonné, classée 28e par les libraires de premier niveau. Les grands lecteurs, qui ont préféré Serge Joncour à Maylis de Kerangal, font figurer dans leur top 20 Camarade papa de Gauz, Le train d'Erlingen ou La métamorphose de dieu de Boualem Sansal, ou encore L'île aux troncs de Michel Jullien. En littérature étrangère, ils placent en numéro un Les fureurs invisibles du cœur de John Boyne, citant aussi parmi leurs romans préférés Au loin d'Hernan Diaz et L'arbre-monde de Richard Powers. Toujours en littérature étrangère, les moins de 35 ans placent Balles perdues de Jennifer Clement au 1er rang et Swing time au 5e, derrière La papeterie Tsubaki d'Ito Ogawa (2e) et Les heures rouges de Leni Zumas (3e).

Forts de leurs lectures estivales pour conseiller les clients, les libraires observent toutefois qu'après un été morose et des retours tardifs de vacances, la rentrée littéraire débute mollement. Il manque quelques romans à fort potentiel médiatique et commercial qui font venir les gens en librairie, déplorent de concert Olivier Augier (Arts et livres, à Grasse) et Benoît Authier (Librairie des Batignolles, à Paris 17e). Leurs conseils seront d'autant plus précieux.

1. Le top 20 des romans français

RangRomansPoints
1Un monde à portée de main de Maylis de Kerangal ; Verticales290
2Chien-loup de Serge Joncour ; Flammarion286
3A son image de Jérôme Ferrari ; Actes Sud255
4Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu ; Actes Sud177
5La vraie vie d'Adeline Dieudonné ; L’Iconoclaste166
6Khalil de Yasmina Khadra ; Julliard133
7Helena de Jérémy Fel ; Rivages126
8Le malheur du bas d'Inès Bayard ; Albin Michel121
9Les prénoms épicènes d'Amélie Nothomb ; Albin Michel119
10Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives ; Gallimard108
11La révolte de Clara Dupont-Monod ; Stock103
12Carnaval noir de Metin Arditi ; Grasset95
13La toile du monde d'Antonin Varenne ; Albin Michel87
14Capitaine d'Adrien Bosc ; Stock85
15Les cigognes sont immortelles d'Alain Mabanckou ; Seuil75
16Là où les chiens aboient par la queue d'Estelle-Sarah Bulle ; Liana Levi75
17Dix-sept ans d'Eric Fottorino ; Gallimard71
18Le grand Nord-Ouest d'Anne-Marie Garat ; Actes Sud70
19Frère d’âme de David Diop ; Seuil70
20Loup et les hommes d'Emmanuelle Pirotte ; Cherche Midi59

2. Le top 20 des romans étrangers

RangRomans étrangersPoints
1Swing time de Zadie Smith ; Gallimard226
2Balles perdues de Jennifer Clement ; Flammarion185
3Les fureurs invisibles du cœur de John Boyne ; Lattès156
4Le cœur converti de Stefan Hertmans ; Gallimard153
5Asta de Jon Kalman Stefansson ; Grasset145
6Une douce lueur de malveillance de Dan Chaon ; Albin Michel131
7Les heures rouges de Leni Zumas ; Presses de la Cité108
8La papeterie Tsubaki d’Ito Ogawa ; P. Picquier96
9Manuel de survie à l’usage des jeunes filles de Mick Kitson ; Métailié94
10Forêt obscure de Nicole Krauss ; Ed. de l’Olivier89
11La somme de nos folies de Shih-Li Kow ; Zulma77
12Le monarque des ombres de Javier Cercas ; Actes Sud77
13Les enfants de cœur de Heather O’Neill ; Seuil76
14L’abattoir de verre de John Maxwell Coetzee ; Seuil73
15Un gentleman à Moscou de Amor Towles ; Fayard68
16Manhattan Beach de Jennifer Egan ; R. Laffont67
17Cette maison est la tienne de Fatima Farheen Mirza ; Calmann-Lévy64
18Le Mars Club de Rachel Kushner ; Stock61
19L’affaire Sparsholt d’Alan Hollinghurst ; Albin Michel60
20Une maison parmi les arbres de Julia Glass ; Gallmeister57

Vive le décloisonnement !

Benoît Authier, librairie des Batignolles, Paris.- Photo LIBRAIRIE DES BATIGNOLLES


Comme beaucoup de Parisiens, observe Benoît Authier (Librairie des Batignolles, Paris 17e), je travaille la rentrée très en amont. Ce qui est appréciable avec cet événement, c'est qu'on a le temps de s'y plonger plusieurs mois à l'avance, contrairement à la rentrée de janvier où l'on sort à peine du rush de fin d'année. Du coup, nous avons pu lire dans la librairie une bonne centaine de livres cet été. C'est honorable. Mais ce n'est que 20 % de la production globale ! Il faudrait vraiment que les éditeurs se montrent plus raisonnables. Dans mon local de 65 m2, je vais accueillir 240 nouveautés, c'est irresponsable... Et pourtant, comme j'ai à peine 50 % des parutions, j'ai déjà loupé des ventes ! »

Dans cette rentrée, Benoît Authier salue « un décloisonnement des genres particulièrement marqué. De plus en plus, des polars, romans noirs voire SF, sont intégrés à la littérature générale et à la rentrée littéraire. Du coup, Helena de Jérémy Fel ou Une lueur douce de malveillance de Dan Chaon sont sur nos tables de littérature et non sur celles du polar, comme cela aurait été le cas il y a quelques années. »

La place des francophones

S'il a plébiscité Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, « récit d'apprentissage avec un vrai regard social qui a particulièrement résonné en moi... peut-être parce que je suis de la même génération que l'auteur », Benoît Authier a aussi apprécié « la place des francophones dans cette rentrée avec notamment l'Ivoirien Gauz, la Guadeloupéenne franco-belge Estelle-Sarah Bulle. » Auxquels on peut ajouter, entre autres, la Belge Adeline Dieudonné et le Franco-Congolais Alain Mabanckou.

Chercheuse d'or

Julie Even, Librairie Le Préau, Metz- Photo LIBRAIRIE LE PRÉAU


Je fais mes choix en me basant principalement sur trois critères, explique Julie Even, gérante du Préau, à Metz : les remontées des représentants et des éditeurs, les auteurs que nous suivons à la librairie et les premiers romans. Dans cette dernière catégorie, j'espère toujours avoir le bonheur de trouver une pépite. Pour promouvoir auprès du public ces premiers romans, toujours plus compliqués à défendre, nous organisons cette année, pour la première fois, une soirée littéraire en partenariat avec la bibliothèque de Metz. Les libraires du Préau et deux bibliothécaires présenteront leurs coups de cœur, dont des premiers romans qui pourront ainsi être portés sur le devant de la scène. »

Saluant la variété des nouveautés et une belle thématique autour de la famille, à laquelle elle a consacré une table, Julie Even se veut confiante sur le potentiel commercial de cette rentrée, avec « plein de titres à conseiller à côté des vedettes Maylis de Kerangal et Jérôme Ferrari ». Et de citer Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, Là où les chiens aboient par la queue d'Estelle-Sarah Bulle, L'abattoir de verre de J.M. Coetzee ou encore La guérilla des animaux, premier roman de Camille Brunel.

Un vent de nouveauté

Olivier Badoy, Librairie Les Cordeliers, Romans-sur-Isère- Photo LIBRAIRIE LES CORDELIERS


Assez féminine, observe Olivier Badoy (cogérant des Cordeliers, à Romans-sur-Isère), cette rentrée confirme un mouvement perceptible depuis deux ou trois ans, avec une montée en puissance des femmes qui apportent une autre sensibilité. Mais ce vent de nouveauté se fait aussi sentir avec des jeunes voix qui renouvellent le genre romanesque, y mêlant de la poésie, du témoignage... » Et de citer Désintégration d'Emmanuelle Richard, Einstein, le sexe et moi d'Olivier Liron, L'arbre-monde de Richard Powers ou encore Kanaky : sur les traces d'Alphonse Dianou de Joseph Andras. Mais le libraire avoue un coup de cœur particulier pour Jérôme Ferrari. « A son image est un livre plus accessible au grand public que les précédents, mais qui trouve sa place dans l'œuvre construite par un auteur qui transpire l'intelligence. »

Coorganisant depuis plusieurs années avec d'autres professionnels du livre de la ville, dont la médiathèque, une présentation de la rentrée aux lecteurs, Olivier Badoy annonce une nouveauté pour cette nouvelle édition avec la venue d'un éditeur et d'un de ses auteurs, en l'occurrence Caroline Coutau, qui dirige les éditions Zoé, et Elisa Shua Dusapin, qui présentera son dernier-né, Les billes du Pachinko.

La caravane bourrée d'épreuves

Daïva Malo, librairie Les Cordeliers, Romans-sur-Isère.- Photo ESPACE CULTUREL E. LECLERC, REZÉ

Notre centrale, le Galec, explique Daïva Malo (Espace culturel Leclerc de Rezé, en Loire-Atlantique), nous propose chaque année d'assister fin mai, à Paris, à deux jours de réunion au cours desquels les éditeurs viennent nous présenter leurs nouveautés de la rentrée. Nous sommes en général une centaine à y assister. Mais avant ces rencontres, je fais une première sélection des titres qui m'intéressent à partir d'Electre qui offre un bref résumé des ouvrages. Ces deux sources d'information me permettent d'affiner mes choix et de cibler mes demandes d'épreuves. Du coup, quand je pars en vacances, je bourre la caravane de textes et je lis tout l'été ! Quand je ne retourne pas dans mon pays, en Lituanie. »

Reconnaissant avoir eu un coup de cœur pour le premier roman d'Estelle-Sarah Bulle, Là où les chiens aboient par la queue, « une histoire de famille avec un arrière-fond historique, comme j'aime en lire », la libraire observe qu'en magasin « la rentrée suit chaque année un rythme assez régulier. Une effervescence se fait sentir après le 15 août, car les gens viennent chercher les auteurs qu'ils attendent, ce qui a été le cas avec Jérôme Ferrari, Maylis de Kerangal, ou encore Amélie Nothomb, qui conserve son lectorat de manière extraordinaire. Puis, avec la rentrée scolaire, l'effervescence retombe début septembre, avant de reprendre de plus belle fin octobre avec les prix littéraires. »

Dans ce contexte, Daïva Malo ne cache pas son étonnement de voir « arriver des produits de Noël de manière toujours plus précoce, et pour la première fois cette année dès septembre ! ».

Nombre de livres lus pour la rentrée littéraire

Toujours élevé, le nombre de romans lus par les libraires dans la perspective de la rentrée littéraire enregistre un léger tassement cette année. Avec 21 titres en moyenne, les libraires du premier niveau demeurent les plus gros lecteurs. Ils distancent les libraires de deuxième niveau de 5 titres et ceux des grandes surfaces culturelles de 6. Au total, ils ont apprécié 163 auteurs français - un record - et 95 étrangers.- Photo MICHEL COMBE

La rentrée littéraire va-t-elle avoir un effet positif sur la fréquentation ?

Observant un démarrage assez lent de la rentrée littéraire dans leur magasin, les libraires apparaissent moins optimistes que les deux dernières années sur leur capacité à redynamiser la fréquentation. Les responsables des rayons livre des grandes surfaces culturelles se montrent les plus prudents.- Photo MICHEL COMBE

Méthodologie

Notre 14e palmarès Livres Hebdo/I+C des romans de la rentrée littéraire préférés des libraires a été réalisé sur la base d'une enquête menée par téléphone entre le 27 août et le 5 septembre auprès d'un échantillon national de 361 libraires et responsables de rayons littérature, dont 156 dans des librairies de premier niveau, 119 dans des librairies de deuxième niveau et 86 dans des grandes surfaces culturelles.

Il leur a été demandé de citer cinq romans français et cinq romans étrangers par ordre de préférence parmi ceux parus ou à paraître entre la mi-août et la mi-octobre.

Notre classement a été établi en attribuant cinq points au premier choix de chacun, quatre au deuxième choix, trois au troisième, etc.

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