4 janvier > Essai Etats-Unis > Daniel Lang

Les militaires ont le chic pour les euphémismes. Les guerres sont souvent des "événements", et l’"incident" dont il est ici question n’est autre qu’un viol suivi d’un assassinat. En novembre 1966, Phan Thi Mao, jeune Vietnamienne, est kidnappée, violée, et assassinée pour qu’elle ne puisse pas témoigner, par quatre soldats américains. Sven Eriksson (le nom a été changé), le cinquième homme de l’unité, assiste impuissant au crime. Malgré les représailles envisagées, il décide de dénoncer ses camarades qui sont traduits en cour martiale l’année suivante. Le meurtrier est condamné à perpétuité, les trois autres écopent de quinze, dix et huit ans de prison.

Daniel Lang (1913-1981) a retrouvé Eriksson. Et ce dernier lui a parlé. De cette guerre qui transforme les hommes, de son profond désarroi, du procès, de la vindicte qui fut la sienne parmi les soldats, de la reconnaissance de l’état-major, de la difficulté à se reconstruire, avec l’image de Mao dans la hutte.

Daniel Lang a publié ce reportage dans le New Yorker, dans lequel il a collaboré pendant quarante ans et dont il fut correspondant de guerre. Son enquête est saisissante, par l’horreur des faits et par la manière dont ils sont racontés au moment du procès.

Ce récit a été adapté au cinéma en 1989 par Brian de Palma, sous le titre Outrages. Traduit pour la première fois en français, il reste l’un des premiers reportages sur les atrocités commises par les Américains pendant la guerre du Vietnam. Sans affect, par le seul récit, il glace le sang. Il nous rappelle que le viol est toujours une arme de guerre. L. L.

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