Entretien

Augustin Trapenard : remettre la littérature à l'image

Augustin Trapenard lors du tournage de l'épisode 10 de Plumard pour Brut X - Photo Philippe Mazzoni

Augustin Trapenard : remettre la littérature à l'image

Près d’un an après la diffusion du premier épisode de Plumard sur Brut X en mai 2021, l'animateur livre un premier bilan positif. Temps long, ligne éditoriale décalée ou usage partagé du numérique, Augustin Trapenard se met au défi de toujours présenter la littérature de manière innovante.

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Par Dahlia Girgis
Créé le 17.05.2022 à 18h14 ,
Mis à jour le 18.05.2022 à 11h19

Bonnet bleu foncé assorti à une veste bicolore siglé d’un large C, jean et basket… L'allure décontractée, Augustin Trapenard s’apprête à recevoir le traducteur et écrivain Christophe Claro pour son émission "Plumard" sur BrutX. L'invité est accueilli au sein de l'imprimerie Idem Paris situé dans le 14e arrondissement de Paris. L’établissement a été aménagé pour recevoir le fameux canapé noir en cuir où l’animateur fait asseoir ses auteurs. Dans ce dixième épisode diffusé en avril dernier, les spectateurs découvrent un échange littéraire ininterrompu d’une quarantaine de minutes. Un long moment qui réjouit Augustin Trapenard. Ce dernier livre un premier bilan positif, près d’un an après la diffusion du premier épisode en mai 2021.

Contrairement à l'émission pluriculturelle "Boomerang" qu’anime le quadragénaire sur France Inter, les épisodes de "Plumard" sont entièrement consacrés à la littérature. “C’est de là que je suis issu”, insiste ce passionné, ancien enseignant après des études de lettres. Sur les écrans, plus d'une émission s'intéresse aux livres et aux écrivains, mais peu leur accordent un temps long et exclusif. “Les espaces pour la littérature sont profondément réduits”, déplore-t-il. Le défi que se lance l’ancien journaliste de "21 cm" sur Canal + est d’envisager de nouvelles façons de mettre en image et en son la littérature.

Puiser la créativité dans la jeunesse

Auprès des jeunes, j’apprends de nouvelles choses” : Augustin Trapenard affiche une certaine obsession de la jeunesse et, par extension, de la créativité. Ainsi, il a recours à toute les innovations technologiques pour mettre la littérature en scène. Epaulé d’une dizaine de personnes dont Pablo Cotten, un fidèle de Boomerang, l'animateur imagine des séquences alternant entre interview et moments d’images travaillée avec l'idée de joindre la forme au fond. Par exemple, Chloé Delaume se trouve parfois filmée avec un objectif fisheye caractérisé par un angle de champ très grand qui déforme un peu l’image. Une manière visuelle de faire écho à la notion spécifique du monstre qu’a l’écrivaine.

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Tournage de l'épisode 10 de Plumard en avril dernier dans l'imprimerie Idem Paris.- Photo LH

Céline Sciamma, Florence Aubenas, Abd al Malik, Léonora Miano ou encore Michelle Perrot… Les auteurs qui passent au "Plumard" sont éclectiques. “Nous avons voulu faire une série sur toutes les formes de l'écrit”, estime le critique littéraire. Pour compléter cette ligne éditoriale décalée, la production réfléchit à d’autres formes d’arts qui intègrent l'écrit. “Je cherche à inviter un auteur de bande dessinée”, cite en exemple le présentateur. Des auteurs de littérature étrangère pourraient également faire partie de l’émission.

Un Bookclub pour de la proximité

En complément de l’émission, Augustin Trapenard est à la tête d’un book club, “Book Émissaire", les dimanches à 18 heures sur Brut.Live, “une sorte d’Instagram live amélioré". "Il est important d’envisager des nouvelles façons de partager, plaide-t-il, sinon on se retrouve dépassé par l’outil numérique.” Caméra à la main pour s'auto-filmer, l'animateur crée une proximité immédiate et interactive avec la communauté de spectateurs amoureux des livres. Les œuvres discutées lors du live sont programmées à l’avance pour laisser le temps aux participants de faire connaissance avec le récit. En somme, le book-club réinvente la rencontre avec le public, trop souvent ignoré dans les émissions littéraires. Augustin Trapenard ne cache pas son plaisir : “confronter nos impressions une fois la lecture terminée est pour moi une sorte de naïveté et de joie retrouvée.”

 

 

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