Politique du livre

Auvergne-Rhône-Alpes : face aux coupes de la région, la culture contre-attaque

Littérature Live, le festival international de littérature de la Villa Gillet en mai 2022 - Photo Bertrand Gaudillère / Item

Auvergne-Rhône-Alpes : face aux coupes de la région, la culture contre-attaque

Il y a un mois, 140 institutions culturelles de la région Auvergne-Rhône-Alpes apprenaient la baisse drastique de leurs subventions régionales. Entre rencontre ce jeudi 2 juin avec la nouvelle ministre de la Culture Rima Abdul Malak, et un rassemblement prévu le 7 juin prochain, les institutions culturelles s'organisent. 

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Par Pauline Gabinari
Créé le 02.06.2022 à 18h05 ,
Mis à jour le 03.06.2022 à 10h44

« Face à l’absence totale de réponse de Monsieur Laurent Wauquiez et de Madame Sophie Rotkopf […] Une délégation représentative de l’ensemble des structures cultuelles du territoire Aurhalpin se présentera devant l’hôtel de Région ce mardi 7 juin pour exiger d’y être reçu immédiatement. » Surmonté du #cultureendanger, le ton est donné un mois après la baisse drastique des subventions allouées à la culture par la région Auvergne-Rhône-Alpes. En tout, pas moins de 140 structures sont touchées pour une baisse globale de 4 millions d’euros. « A quelques semaines des élections, il s’agit clairement d’une attaque politique, il ne faudra donc pas se tromper sur la réponse », assène la directrice de la Villa Gillet, Lucie Campos dont le lieu a perdu l'intégralité de ses subventions régionales. 

Mort programmée

Arrivée en 2019 à la tête de la maison internationale des écrivains, Lucie Campos fait partie de cette vague de nominations instituée par la ville, la Drac mais aussi la région. « Il y a vraiment eu cet effet nouvelle génération, explique-t-elle, de mon côté j’ai été choisie car mon projet pour la Villa paraissait pertinent. » Deux ans plus tard, elle livre sa version modernisée du festival Littérature Live : quelque chose de plus européen avec une empreinte lyonnaise et un rayonnement d’événements dans toute la région. La réponse ne se fait pas attendre. Juste avant le début du festival, la Villa reçoit une lettre. La totalité de ses subventions régionales, soit 350 000 euros lui sont retirées. « C’est simple, si rien n’est fait d’ici quelques mois, la villa devra fermer ses portes », regrette la directrice. 

La Villa Gillet a été créée en 1987 pour faire de Lyon un point de convergence des écritures internationales et européennes. Principalement financée par des collectivités, son avenir dépend donc des institutions. « Si la région ne souhaite plus soutenir la Villa, la ville et l’état devront redessiner le lieu », précise Lucie Campos, soulignant le soutien de la mairie « qui ne peut pas tout compenser ».  

Le constat est tout autant amère pour Jean-François Manier. Directeur artistique du festival "Lectures sous l'arbre" (du 13 au 20 août), il a appris la « sanction » par voie de presse. «Pour nous c'est un peu une condamnation à mort », abonde-t-il avant de retracer la douloureuse chronologie : « Avant Wauquiez nous touchions 20 000 euros. A son arrivée, les aides ont été divisées par deux puis, réduites de 1000 euros l'année suivante, aujourd'hui, il n'y a plus rien. » Comme la maison d'écrivains, l'équipe du festival pense déjà comment se réinventer l'année prochaine pour compenser la perte des subventions

Du public au privé

Dans une moindre mesure, les subventions de Quai du polar ont baissé de 13%. Une perte que le festival essaiera de compenser par des partenariats privés. « En 2020, nous avions réussi à financer la manifestation de moitié avec des acteurs privés. Malheureusement, le Covid a été une vraie perte pour eux, ce qui complique beaucoup les choses », explique Hélène Fischbach, directrice de ce festival dédié aux livres noirs. A la Villa Gillet, les partenariats avec le secteur privé sont aussi un horizon mais plus difficilement atteignable. « L’impact commercial, est bien différent entre littérature étrangère et polar, les rapports de force ne sont donc pas les même », développe Lucie Campos.

En attendant, le monde du livre se mobilise. Une pétition pour dénoncer le désengagement de la région circule et une charte de coopération culturelle avec la ville de Lyon devrait être bientôt actée. La nouvelle ministre de la Culture Rima Abdul Malak s'est également rendu à Lyon ce jeudi 2 juin pour entamer le dialogue avec les institutions.

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