Journées de l'ABD 2023

Bibliothèques : la campagne de communication gouvernementale ne fait pas l’unanimité

L'affiche de la campagne de communication du ministère de la Culture lancée en septembre 2023, « Ma bibliothèque : le monde à portée de main » - Photo DR

Bibliothèques : la campagne de communication gouvernementale ne fait pas l’unanimité

Le ministère de la Culture a lancé une campagne de promotion des bibliothèques, pour montrer leur « transformation profonde enclenchée depuis les quarante dernières années ». Un clip que certains professionnels jugent ringard et ne montrant pas la diversité des actions et des publics en médiathèque. Réactions. 

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Par Fanny Guyomard
Créé le 29.09.2023 à 08h28 ,
Mis à jour le 29.09.2023 à 12h12

Un ado se promène dans la rue, mitraillé de publicités et de notifications intempestives. Puis il entre dans la médiathèque, et la musique passe en mode chill, comme diraient les jeunes que l’on voit lire et même jouer à un jeu vidéo ! La vidéo dure trente secondes et a été diffusée à la rentrée par le ministère de la Culture pour promouvoir les bibliothèques. Le slogan : « Ma bibliothèque : le monde à portée de main ».

« Ringard », commentent des bibliothécaires réunis aux journées de l’ABD qui se sont tenues cette semaine à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor). L’attention du ministère était au contraire « de montrer que les bibliothèques ne sont pas vieillottes », leur explique l’envoyé du ministère, Nicolas Georges. « Il n’y a rien de plus dur que la communication. C’est difficile de trouver l’axe percutant qui va plaire à la fois aux bibliothécaires, aux élus, et aux gens à qui on s’adresse », se défend le chef du service Livre et Lecture du ministère. Et de mentionner un quatrième avis à prendre en considération : celui de la ministre.

 

Mais où est passée l’affiche jeu vidéo ?

Ringard ? Pourtant, le lieu du tournage promet : la médiathèque l'Eclipse, à Cormeilles-en-Parisis, ouverte fin 2018. Un communiqué de presse vante son imprimante 3D et ses ateliers de programmation... que l’on ne voit pas dans le clip. Le ministère n’a diffusé qu’un seul type d’affiche où l’on voit un ado lire du Jules Verne. Celle les montrant jouer aux jeux vidéo n’a pas été retenue.

C’est mieux que rien, saluent tout de même d'autres bibliothécaires : « On souffre d’un tel déficit de visibilité que cette campagne était quand même bienvenue. Le Covid a été révélateur de notre inexistence pour la société française. Les librairies étaient essentielles, la population s’est mobilisée pour elle. Nous, pas grand monde savait qu’on était ouverts », s’indigne un bibliothécaire croisé à Saint-Brieuc.

L’idée d’une campagne de communication a justement germé juste après cette crise sociale. Mais sa sortie en cette rentrée a été soudaine. « Les émeutes de juin [qui se sont soldées par cinquante attaques de bibliothèques, dont six détruites, ndlr] ont peut-être précipité les choses », avance un bibliothécaire. Un collègue découvre à l’instant l’existence de ce clip. « Début septembre, j’étais en vacances », sourit-il.

Précipitation ?

Nombre d’entre eux ont été pris de cours. « Pas de panique concernant cette fameuse campagne nationale de communication sur les bibliothèques gérée, en effet, par le Ministère. L'information ne devait pas circuler tout de suite. Des documents (kit de communication) seront transmis d'ici peu. Il semblerait que certaines DRAC aient contacté des bibliothèques départementales (pourquoi pas toutes ? je ne sais pas), les informations devraient bientôt redescendre jusqu'à vous », écrit une bibliothécaire sur un groupe professionnel de Facebook le 24 août. « C’était soudain. On nous a prévenus fin août de préparer le lancement de la campagne de communication le 6 septembre », rejoint un agent de la bibliothèque départementale de Haute-Garonne.

Plusieurs professionnels estiment enfin que la date n’était pas idéale : en pleine rentrée, quand la population est déjà débordée par les autres inscriptions. Un avis entendu, le ministère se disant disposé, les prochaines fois, à lancer la campagne un peu plus tard en septembre. Car il devrait y avoir deux prochaines éditions, pour lesquelles le gouvernement espère davantage de concertation avec le terrain. « Si on veut déployer le discours dans l’espace, on a besoin des collectivités locales pour le relayer », interpelle Nicolas Georges. 

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