LAGRASSE

"Une histoire universelle est-elle encore possible aujourd'hui ?" s'interroge l'historien Patrick Boucheron dans ses "conversations avec l'Histoire", un nouvel atelier suivi chaque jour par plus de 150 personnes.- Photo CATHERINE ANDREUCCI

On ne passe pas en coup de vent au Banquet de Lagrasse. On y séjourne, on y savoure les plaisirs mêlés de la pensée et du vin, et, surtout, on y revient. Du 4 au 12 août, dans l'abbaye de Lagrasse, au creux des Corbières, les aficionados étaient près de 10 000 au rendez-vous dédié cette année à "L'universel singulier". Ils ont goûté à la chaleur et à l'urbanité des échanges, aux rigoureuses réflexions des universitaires et des écrivains, à leur prolongement autour d'un verre et d'un repas. Ce doux mélange préside à ces rencontres créées en 1995 par les éditions Verdier avec l'appui d'un réseau d'amitiés. La disparition, en 2009, de leur fondateur Gérard Bobillier n'a pas signé la fin du collectif, soudé par la passion de la pensée et de la littérature.

Une incitation à lire

Au Banquet, il y a les fidèles : Dominique Larroque-Laborde et son atelier de littérature et civilisation grecques, Françoise Valon et son atelier de philosophie, Jean-Claude Milner et sa conférence de clôture, Jean-Louis Comolli et son fameux atelier cinéma. Il y a aussi les nouveaux, tel Patrick Boucheron, qui a tenu des "conversations avec l'Histoire" suivies chaque midi par plus de 150 personnes. Parmi les moments forts, on retiendra également la réflexion d'Akira Mizubayashi sur les Lumières et Fukushima, l'essai de Marielle Macé sur le style, "l'inquiétude d'être au monde" de Camille de Toledo, les lectures de Maylis de Kerangal autour du sentiment cosmique... Des interventions qui ont incité le public à se plonger dans les livres. La librairie éphémère composée par Christian Thorel, d'Ombres blanches à Toulouse, et la librairie permanente ont réalisé un chiffre d'affaires de 33 000 euros, en progression de 10 %. "A l'heure d'Internet et de ce monde d'échanges accélérés, mais aussi désincarnés et atomisés, il y a une aspiration profonde à se retrouver dans un lieu qui fasse foyer de rayonnement, où se joue une intensité de l'échange, l'esprit de l'amitié au sens grec du terme", estime Dominique Bondu, qui, depuis mai, s'occupe à plein-temps de la Maison du Banquet et des générations. Créé en 2008 avec l'aide du conseil général de l'Aude, propriétaire de l'abbaye, ce lieu propose tout au long de l'année un café, une librairie et une école de la pensée et de la littérature avec ateliers et séminaires. Une école de l'image et du numérique et des résidences d'écrivains sont en projet.

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