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Dans la peau d’un robot

Charles-Edouard Bouée et François Roche - Photo Jean-François Paga/Grasset

Dans la peau d’un robot

Charles-Edouard Bouée écrit du point de vue d’un automate pour soulever les interrogations d’un futur régi par l’intelligence artificielle.

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Par Sean James Rose
Créé le 17.03.2017 à 00h32 ,
Mis à jour le 17.03.2017 à 12h43

Les robots se sont invités dans la campagne électorale. L’un des candidats à la magistrature suprême propose de les taxer, puisque en remplaçant le travailleur, non seulement ils lui ôtent son emploi mais encore ils ne cotisent pas au pot commun des différentes caisses de l’Etat-providence.

Sans discuter de la validité d’une telle mesure, le surgissement de l’automate dans le débat politique soulève bien des questions philosophiques sur notre rapport, à nous les humains, au travail, au temps, à notre écosystème d’Homo sapiens sapiens. D’accord pour que l’homme-machine se substitue à des tâches pénibles, répétitives ou rébarbatives : on voit déjà des hologrammes à visage humain répondre aux "FAQ", les questions les plus fréquemment posées par les utilisateurs d’un service. Mais quid d’un robot qui pense à votre place, qui prend des décisions complexes, qui exprime des sentiments singuliers ? Quelles conséquences pour l’avenir de l’humanité ?

Cette réflexion, entre enthousiasme de geek et angoisse dystopique, se déploie dans le nouvel ouvrage de Charles-Edouard Bouée, homme d’affaires qui a pu constater les répercussions de telles avancées technologiques sur l’économie réelle, La chute de l’empire humain : Mémoires d’un robot. Dans ce passionnant essai de prospective qu’il signe en collaboration avec le journaliste économique et géopolitique François Roche, l’auteur de Confucius et les automates (Grasset, 2014), coécrit avec le même, se met "dans la peau d’un robot".

Du cryptanalyste britannique Alan Turing qui "craqua" Enigma, la machine d’encodage nazie, aux programmes les plus à la pointe, en passant bien sûr par les pionniers John McCarthy qui présida la fameuse conférence de Dartmouth en 1956 et Marvin Lee Minsky, son compère au MIT et géant des sciences cognitives, le narrateur-robot retrace la généalogie de l’intelligence artificielle avant de nous projeter jusqu’en 2040 où le monde sera de plus en plus robotisé puisqu’il faudra bien pourvoir aux besoins de la population mondiale de plus en plus âgée (65 ans de moyenne d’âge en 2050).

Prométhée 2.0 ayant dérobé le feu de l’intelligence à des scientifiques trop optimistes, ou véritable prothèse pour surmonter les handicaps de l’humain, le robot n’est que ce que l’homme voudra bien en faire. La voie est au milieu - "l’équilibre entre le progrès technologique, l’amélioration de la vie et les impacts sur notre société". S. J. R.

 

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