24 août > Roman Mexique > Emiliano Monge

La violence sévit partout, mais elle fait indéniablement partie de l’ADN de la littérature sud-américaine. Comme si elle devait s’exorciser sur le papier, comme si elle emplissait d’emblée l’encrier des auteurs qui en ont été imprégnés. Emiliano Monge s’inscrit parmi les "Bogota 39", les trente-neuf meilleurs auteurs latino-américains de sa génération. Né en 1978, il a travaillé comme éditeur et journaliste, avant d’opter pour la voie romanesque. L’actualité l’a sans doute poussé à dénoncer le sort des migrants, en Amérique centrale. Impossible de ne pas songer à Trump voulant bloquer les frontières de son pays.

Qui sont ces êtres "sans voix, sans âme et sans nom" ? Que se passe-t-il quand leur route de l’espoir croise celle de passeurs barbares ? Hommes, femmes et enfants deviennent "rien que des corps effrayés, venus d’autres terres. On n’avait même plus honte de pleurer, on était des chiens hurlants, des animaux." Les scènes qui suivent ne sont qu’horreur à l’état pur. Le décor de la jungle mexicaine est trompeur : "une clairière cernée d’arbres trapus et de lianes primitives" devient le théâtre d’exactions commises avec une certaine jubilation.

Les rares "chanceux" se retrouvent aux mains de trafiquants, se livrant à des guerres intestines. Estela et Epitafio s’aiment et s’affrontent sans répit. Leur passion est sourde au cri qui s’élève d’un seul et même poumon, celui des migrants baignant dans le sang. Ardent, il se mêle aux vers de La divine comédie de Dante, si ce n’est qu’ici il n’y a guère de place pour le Paradis. "Ils ont raflé tout le monde… fini le rêve… qu’est-ce que je peux faire d’autre qu’essayer ?"K. E.

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