Arthur le bandit n’a ni scrupule ni préjugé. Que l’on soit infirme ou bien campé sur ses deux pieds, riche comme Crésus ou pauvre comme Job, il ne fait pas la nuance, il vole tout ce qui passe! Ce don était déjà le sien à l’école où il préférait faire les poches des petits plutôt qu’apprendre à lire. Le soir, il regagne son grand château rempli de butins, mais vide de toute âme qui vive. Quelle femme voudrait épouser une brute pareille? Alors, pour tromper son ennui, il se concocte des desserts raffinés comme ce "flan à la guimauve et au chocolat blanc". Hélas! Même les mets rares ne suffisent pas à mettre en appétit qui mange tout seul.

Un beau jour, après une mauvaise chute de cheval, il se réveille dans un lit inconnu, bandé de la tête aux pieds. "Bonjour !" lui dit une douce voix, à laquelle il répond illico "Salut la vieille ! Tu sais qui je suis ?". Mais l’affable Marie-Rose ne se laisse pas démonter. Mieux, elle se met à lui raconter des histoires au bord du lit. Rituel infantilisant qui sied bien peu à une canaille de la trempe d’Arthur! Cependant, contre toute attente, l’affreux Jojo y prend goût et va jusqu’à apprendre à lire. Une incroyable rédemption qui le mènera à accrocher un écriteau à l’entrée de son château: "Demain, je rends tout ce que j’ai volé. Château ouvert sans interruption de 6 heures à 22 heures."

Inspiré de l’univers de Tomi Ungerer, cet album et son antihéros sont irrésistibles. L’illustration de Benoît Debecker fourmille de détails désopilants: la bouille penaude des enfants détroussés, comme celle, patibulaire, d’Arthur sur son cheval. Fabienne Jacob