un premier roman par jour

Emilie Guillaumin, "Féminine", aux éditions Fayard

Emilie Guillaumin - Photo DR/copie d'écran

Emilie Guillaumin, "Féminine", aux éditions Fayard

Tous les jours pendant l'été, Livres Hebdo présente un premier roman de la rentrée littéraire 2016. Aujourd'hui, Féminine, d'Emilie Guillaumin.

Par Marine Durand
Créé le 05.08.2016 à 17h32 ,
Mis à jour le 08.08.2016 à 17h34

"L'adjudant était aussi charismatique qu'un homme en uniforme." Voilà la première phrase de Féminine, le premier roman d'Emilie Guillaumin à paraître le 24 août chez Fayard, qui place d'emblée le lecteur au cœur de son sujet : l'armée. Au fil des quelque 400 pages de ce livre à la couverture camouflage, il ne sera en effet question que d'engagement, de réveils brutaux au milieu de la nuit, d'armes lourdes ballottant sur les hanches et d'amour de la patrie.

Aussi loin qu'elle s'en souvienne, Emma Linarès, la narratrice, a toujours vibré devant les défilés les jours de fête nationale, et rêvé d'une vie remplie d'aventures. Sautant le pas de l'inscription à l'armée après une rupture amoureuse, elle découvre le cadre austère d'un camp militaire, supporte les ordres braillés et les conditions de vie rustiques, écoute les anecdotes de l'Afgha, du Tchad, de Djibouti ressassées jusqu'à plus soif par des lieutenants, caporaux et capitaines jamais vraiment remis des traumatismes du front.

Si la fierté d'être de ces "surhommes", de ces rares "féminines" qui choisissent d'endurer le froid, l'épuisement physique et les blagues graveleuses est bien présente, les interrogations ne tardent pas à poindre dans le cœur de la jeune femme, grande lectrice, ayant abandonné un début de carrière de journaliste pour intégrer la grande muette. Entre la "prépa" à Dracy et la formation de Coëtquidan qui fera d'elle une vraie militaire, Emma Linarès se surprend à douter, elle qui ne se reconnait pas dans ces hommes qui "vivent pour la mission". Et puis il y a Hugo, rencontré quelques semaines avant le départ, Hugo qui la rattache, dans ses moments d'errance, au monde des civils.

De sa propre expérience d'un an et demi dans l'Armée de Terre, Emilie Guillaumin, passée par Radio Classique en tant que journaliste avant de s'essayer à divers petits boulots à Miami, tire un premier roman immersif, décrivant d'une plume agile quoiqu'un peu trop appliquée le quotidien plein de paradoxes de ces hommes et femmes ayant choisi d'affronter la mort pour gagner leur vie. Resserré sur 200 pages, son récit, prometteur, aurait gagné en intensité.



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