3 février > Philosophie France

Bien avant Barthes ou Foucault, Henri Bergson fut une star du Collège de France qui attirait le Tout-Paris. Devant les étudiants de la Sorbonne et les bourgeoises éprises de métaphysique, il cheminait dans sa pensée qu’il exposait avec clarté. Dans l’assistance, il y avait Charles Péguy. C’est grâce à lui que nous disposons de la retranscription de la parole libre et personnelle du philosophe. On y entend sa voix, son intonation et sa manière de sinuer dans son sujet.

Dans ce texte, premier ouvrage d’une série de cours inédits à paraître aux Puf, Bergson aborde l’idée de temps à travers l’histoire des systèmes. En redingote et cravate noire, le cou serti dans un faux-col droit, il fait défiler Platon, Aristote, Plotin, Descartes, Spinoza, Leibniz et Kant.

Ces leçons introduites et annotées par Camille Riquier ont nourri ses livres, notamment un chapitre de L’évolution créatrice. Elles constituent le trait d’union entre l’œuvre écrite à laquelle Bergson tenait exclusivement et l’enseignement oral qui fut à l’origine de sa renommée. On voit bien comment le philosophe remonte la pente du temps qu’il considère comme "le problème central de la métaphysique".

Par des exemples concrets comme la prononciation d’un mot dans une langue étrangère, le mouvement d’un objet dans l’espace, deux trains marchant en sens contraire ou le sucre fondant dans un verre d’eau, il aborde la position de l’observateur et la notion de durée. En 1902, il effleure même l’idée de relativité, mais pas encore de l’espace-temps. Trois ans plus tard, un jeune physicien du bureau des brevets à Berne allait tout révolutionner. Il s’appelait Albert Einstein… L. L.

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