Avant-critique Essai

Antiquité pillée. Durant des siècles, les sites antiques ne furent que des carrières à ciel ouvert, « que chacun va pillant », dénonçait déjà Joachim du Bellay en 1558 dans ses Antiquités de Rome. Rome, tout particulièrement, la plus illustre, la plus exposée. On pourrait établir un parallèle entre ce remploi des « marques antiques » (du Bellay) et la récupération de l'Antiquité gréco-romaine à laquelle se sont livrés, dès le XIXe siècle, nombre d'individus malintentionnés. Depuis la IIIe République et sa tentative d'écrire un roman national avec « nos ancêtres les Gaulois », en passant par Mussolini et son instrumentalisation pompeuse, voire ridicule, de l'Empire romain. Ou encore Hitler avec ses JO de Berlin, en 1936, se servant de l'esthétique grecque pour glorifier « l'aryanité » de la race allemande. Il y eut aussi, du côté des fascistes, ces diatribes contre l'empereur Caracalla, mi-africain mi-syrien, et de surcroît né en Gaule, à Lyon, dont le fameux édit de 212 accordait la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l'Empire. Certains idéologues y voient le début d'un « grand remplacement ». D'autres, aujourd'hui, « déconstructivistes », voudraient, au nom du politiquement correct, que Cléopâtre, dont les ancêtres étaient des Macédoniens, ait été africaine. Etc. Ce sont toutes ces élucubrations, souvent dangereuses, que Giusto Traina épingle et démonte dans un petit livre érudit, plein d'humour et salutaire, qui devrait être étudié dans les lycées.

Giusto Traina
Le livre noir des classiques. Une histoire incorrecte de la réception de l'Antiquité
Belles lettres
Tirage: NC
Prix: 15 € ; 240 p.
ISBN: 9782251454764

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