18 septembre & 21 octobre > Beaux-arts Japon

Pour accompagner les deux grandes rétrospectives Hokusai au Grand Palais (septembre-novembre 2014 et décembre janvier 2015), deux éditeurs français ont déployé des prouesses techniques et créatives. Sous la direction de Jean-Sébastien Cluzel, le Seuil propose un ouvrage à double entrée. Une première partie "occidentale", qui réunit un certain nombre d’essais sur les deux recueils de dessins, ou manga, que Katsushika Hokusai (1760-1849) a consacrés à l’architecture, l’une de ses grandes passions, destinés à la formation des jeunes artistes. On y apprend, par exemple, que sa plus fameuse estampe, Sous la vague au large de Kanagawa (1831), lui aurait peut-être été inspirée par un détail de l’imposte du temple Gyôgan-ji. La seconde partie du livre, à lire "à l’envers" et de droite à gauche, nous offre, pour la première fois en fac-similé, puis intégralement traduits, les deux recueils en question : le Denshin Kaishu suivi du Kiku Junjô (Initiation à la transmission de l’essence des choses et Règles de construction), de 1816, et le Shoshoku Ehon. Shin-Hinagata (Livre de dessins pour artisans. Nouveaux modèles), de 1836. Conservés à la BNF, le premier a appartenu au collectionneur "orientaliste" Théodore Duret, le second à Edmond de Goncourt, amateur de "japoneries". On sait la gloire et l’influence considérable d’Hokusai sur les maîtres français de la fin du XIXe siècle, les impressionnistes en particulier.

Le second ensemble, présenté chez Philippe Picquier, éditeur spécialisé sur l’Asie qui a déjà publié de nombreux fac-similés d’artistes japonais et chinois, rassemble deux recueils pédagogiques d’Hokusai, le Santai gafu (Manuel de dessin en trois styles), de 1817, et le Ipputsu gafu (Manuel de dessin en un seul trait de pinceau), paru en 1823. L’art du maître, qui doit beaucoup à la calligraphie, atteint ici l’épure, ce pourquoi ces livres ont été assez mal compris par ses collectionneurs occidentaux, Duret ou les Goncourt. Pourtant, sa virtuosité et son humour y sont incomparables. Très importants dans la démarche et dans l’œuvre d’Hokusai, ses manga publiés aujourd’hui ne sont "qu’une goutte d’eau dans l’océan d’une production où l’on dénombre plus de 270 livres illustrés", précise Manuela Moscatiello, du Centre d’études d’art de l’Extrême-Orient à Bologne. On a hâte de voir les originaux au Grand Palais. J.-C. P.


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