20 janvier > Roman France

Ashes to ashes. Que reste-t-il de Nicole Smith, réinventée en star de l’âge d’or d’Hollywood sous le nom de Veronica, morte oubliée de tous ainsi qu’il convient aux étoiles filantes dans le ciel de Californie ? Il reste une urne funéraire qu’un antiquaire véreux de Los Angeles cherche à vendre et le projet d’article d’une journaliste française à laquelle les chemins de perdition de Veronica ne sont pas tout à fait étrangers.

Veronica est le deuxième roman de Nelly Kaprièlian après le très troublant Manteau de Greta Garbo (Grasset, 2014). Il en est sinon la suite, du moins la conséquence. En plus classiquement romanesque, il en a la grâce erratique, le goût des corridors de la mémoire et des nuits américaines. Songe horrifique autour de l’usine à rêves, de la marchandisation du fantasme, il ne s’interdit aucun chemin de traverse, aucune splendide solitude autour de ce monde désert où évoluent des filles perdues, moins stars que "poupées interchangeables dans un jeu qui les dépasse".

En même temps que l’on s’attache aux pas de cette Veronica, à ses pauvres secrets, à ses maris, ses enfants, ses films, ceux qui l’aimèrent et ceux qui s’essuyèrent les pieds et le reste à sa gloire fugace, à sa folie ; on accompagne un demi-siècle après sa mort cette femme venue de France pour voir en elle le reflet de sa propre solitude. Il y a dans ces pages imprégnées d’un très bel onirisme fantastique quelque chose du David Lynch de Mulholland Drive, mais aussi, plus près de nous, de certains romans de François Rivière, du symbolisme morose du Bruges-la-Morte de Rodenbach. Au fait, cette Veronica a-t-elle vraiment existé ? Bien sûr puisque à Nelly Kaprièlian elle a fait former des fantômes. Olivier Mony

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