"Il faut montrer que la BD est un vrai marché"

"Le statut des auteurs de BD devrait peut-être se rapprocher de celui des gens du cinéma." Benoît Peeters - Photo Olivier Dion

"Il faut montrer que la BD est un vrai marché"

Benoît Peeters, président des Etats généraux de la BD, tire le bilan de leur lancement, le 30 janvier à Angoulême.

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Par Fabrice Piault
avec Créé le 06.02.2015 à 01h03 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Benoît Peeters - Je l’ai été un peu par la faible présence des auteurs. Mais ils étaient pris par le festival et se réservaient pour la manifestation du lendemain. Ils les ont suivis sur Internet et nous avons reçu des réactions enthousiastes. Sur de nombreux points, auteurs, éditeurs et libraires mènent le même combat. La présence, vendredi, de nombreux partenaires (1) a été une première satisfaction. La participation, au côté du groupe BD du SNE, du Syndicat des éditeurs alternatifs, est importante car il faut prendre en compte la petite édition. Et après le déjeuner, dimanche, avec la ministre de la Culture, j’ai l’impression que nous avons été entendus. Le Raap a démontré qu’il constituait une partie du problème. Les auteurs ne se sont pas émus pour rien.

Ce seront plutôt 5 études en 2015, en commençant par les prioritaires sur le marché et la situation des auteurs, et 5 en 2016. Et à côté des grosses études chères, d’autres seront plus ponctuelles et plus simples. La composition du conseil scientifique, avec des pointures (2), est une des choses dont je suis fier.

Au vu du nombre de sociétés de gestion de droits, dont les études font partie des missions, participant aux EGBD, l’engagement du CNL et des éditeurs, je ne suis pas inquiet. En tout cas, il vaut mieux faire moins d’études, mais bonnes, que des demi-études bâclées.

Des avancées sur les retraites et la condition des auteurs ; une réflexion sur le marché et la production. Je n’attends pas des miracles, mais pourquoi pas, par exemple, des progrès sur la mise en avant du fonds ? Il faut aussi faire apparaître aux pouvoirs publics que la BD constitue un vrai marché, qu’elle a un vrai poids économique et culturel alors qu’elle est souvent noyée entre arts plastiques et littérature.

Non. Une de nos études porte d’ailleurs sur la formation, qui doit être plus ouverte, plus polyvalente : il y a un message à faire passer. Nous sommes face à une contradiction : il est difficile de devenir un auteur de BD sans être un professionnel, mais il est difficile de vivre de ce seul travail.

Il ne bénéficie en rien des avantages des intermittents ! Son statut devrait peut-être se rapprocher de celui des gens du cinéma, rémunérés à la fois pour leur temps de travail et par un intéressement au succès. Il faut creuser l’idée car, actuellement, l’éditeur exige comme une vertu le professionnalisme de l’auteur, avec des tâches de prépresse, sans rémunérer ce professionnalisme. F. P.

(1) Groupe BD du SNE, Syndicat des éditeurs alternatifs (SEA), Service du livre et de la lecture du ministère de la Culture, CNL, SGDL, CPE, Scam, Saif, AdaBD, Raap, Sofia, Snac BD, CIBDI, BNF, FIBD. Excusés : ADAGP et SLF.

(2) Les historiens Thierry Groensteen et Pascal Ory, les sociologues Nathalie Heinich, Bernard Lahire et Pierre Nocerino, l’économiste Thomas Paris et le directeur du musée de la Bande dessinée (CIBDI), Jean-Pierre Mercier.

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