Espagne

A l’occasion de Liber, la foire internationale du livre en espagnol, qui s’est tenue du 1er au 3 octobre à Barcelone, les éditeurs se sont penchés sur la question du numérique, qui représentait l’an dernier 3,7 % du chiffre d’affaires de l’édition en Espagne (1). Un virage numérique qui concerne aussi de plus en plus la bande dessinée.

"Il y a désormais des sites de vente en ligne entièrement consacrés à la BD numérique et les éditeurs spécialisés publient de plus en plus d’albums dans ce format", explique Ulises Lopez, membre du conseil de l’Association des auteurs de bande dessinée d’Espagne (AACE). Corollaire de ce phénomène, l’autoédition est en plein essor, celle-ci étant perçue par certains auteurs espagnols comme l’unique possibilité de rendre leur œuvre publique.

Il est vrai que le marché espagnol n’offre pas les mêmes perspectives que celui de son voisin français. Représentant 2,5 % des ventes totales de livres en Espagne (1), contre 9,5 % en France (2), la bande dessinée y a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 53,5 millions d’euros. Bien que la production augmente (+ 16,6 % en 2013 par rapport à 2012), elle est largement dominée par les traductions qui représentent 70 % de l’ensemble (3).

Pourtant, chez Continuará Cómics, la plus ancienne librairie spécialisée de Barcelone, 40 % des albums sont signés par des artistes espagnols. "Les comics et les mangas ne sont pas des menaces pour la bande dessinée européenne. Tous les genres coexistent dans une relative harmonie et les auteurs espagnols trouvent aussi leur public", estime Albert Mestres, fondateur de l’établissement qui fête ses 34 ans en 2014. Avec la crise, il est obligé de pratiquer des déstockages massifs, mais il reste optimiste. "Nous nous en sommes toujours sortis, même avec l’arrivée des bandes dessinées dans les grandes enseignes comme la Fnac, car nous ne proposons pas le même service", poursuit le libraire.

Pour Ulises Lopez, de l’AACE, "le marché peine à se développer car lire des bandes dessinées n’est plus une pratique très répandue", notamment depuis la disparition des revues spécialisées dans les années 1980 et 1990. Enfin, le dernier ennemi en date que doit affronter le secteur, et qui est commun à l’ensemble de l’édition espagnole, porte un nom : le piratage.

Souen Léger

(1) Source : Fédération des éditeurs d’Espagne (2) Source : Syndicat national de l’édition

(3) Source : Ministère de la culture espagnol

10.10 2014

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